lundi 5 juillet 2010

Mon secret

Pour quelques minutes, je dois faire de ce blogue un blogue de maman. Pour avouer un secret, me l'avouer à moi-même en réalité.

Toute ma vie, j'ai entendu les histoires d'accouchement de ma mère. Du fait qu'elle n'avais peu ou pas ressenti de douleurs, qu'elle avait elle-même été chercher ses bébés pour finir de les sortir de son ventre. J'ai toujours entendu parler de l'accouchement comme quelque chose de simple, facile à la rigueur. Et j'étais convaincue que les miens seraient comme ça. Toute ma grossesse j'ai côtoyé des femmes viscéralement angoissées par l'accouchement et la douleur. J'étais incroyablement horrifiée d'entendre certaines femmes souhaiter une césarienne ou même insister pour en avoir une. Et je me faisais l'avocate de l'accouchement sans douleur, en clamant que c'était possible et qu'il fallait casser l'image de la femme souffrante et hurlante.

Pourtant, MON accouchement fut très différent de ce que j'espérais. Sans vous en faire le récit détaillé, disons que j'ai eu un accouchement atypique qui n'a suivi aucun modèle. Ce qui a eu pour conséquence que sur les 23h qu'ont durées les contractions et les 12 heures de celles-ci que j'ai passées à l'hôpital (un dimanche dès 3h am), on a menacé de me renvoyer chez moi­. Ce qui m'a mis dans un état de stress et de tension incroyable. Et une infirmière me disais que je me plaignais pour rien, que je ne POUVAIS pas avoir mal puisque mes contractions n'étaient pas assez rapprochées et donc que je n'étais pas encore en travail. 2h avant d'accoucher, après plus de 48h sans sommeil et plus de 24h sans nourriture, j'ai finalement eu la péridurale et j'ai pu me reposer et accoucher de mon fils sans prévenir, en quatre poussées. J'ai accouché de mon fils avec des contractions aux cinq minutes, qui n'ont jamais été plus rapprochées de tout le temps que le travail a duré­. D'où les commentaires de l'infirmière sur le fait que je n'étais pas entrain d'accoucher et que je devais retourner chez moi et libérer un lit pour une femme qui en avait vraiment besoin. Et dans mon insécurité, sachant ce que je ressentais, j'étais effrayée qu'on me renvoie. Mon fils étant venu au monde avec deux tours de cordons autour du cou (sans conséquences) le résultat aurait pu être dramatique.

Je vous raconte tout ceci parce que, pour toutes ces raisons, je tente de me convaincre rationnellement que ce fut la bonne décision de prendre la péridurale. Parce que je SAIS que au moment où j'ai fait ce choix, j'étais au bout de mes forces mentales et physiques. Mais même si mon cerveau le "sait", mon coeur m'en veut. Je m'en veut. Je vis un sentiment d'échec immense chaque fois que j'entends une femme raconter son accouchement naturel­, sans anesthésie. Je me sens faible, inférieure, lâche. Je me dis que ce sera partie remise au prochain accouchement mais une partie de moi a l'impression que si je n'ai pas eu la force la première fois, je ne l'aurai pas la seconde.

J'ai échoué. Et ça ne me hante pas constamment. Mais ça me fait un petit pincement au coeur de déception chaque fois que j'y pense. Je n'ai pas été assez forte. C'est mon secret.

2 commentaires:

Sara a dit...

48h sans dormir, 24h sans manger, et en endurant des douleurs de contractions de travail et en te battant pour rester en sécurité dans un lieu adéquat pour l'accouchement, et tu viens nous dire que tu es faible???? Tu te rend compte que c'est l'équivalent physique de plusieurs marathons ça?

Ce n'est pas l'accouchement dont tu avais rêvé, en effet, personne ne rêverait de cela, mais ce n'est pas un échec, puisque ton enfant est né en un morceau, en santé, avec une maman qui l'est également. Et ça ne veut rien dire pour le suivant, promis (je suis passé de 22h avec péridurale pour la première à 5h sans péridurale pour la deuxième). C'est ton histoire à toi, pas celle de ta mère (qui, si elle est comme la mienne, a oublié certains détails depuis le temps - 3 mois et me semble que j'oublie déjà des détails de mon dernier accouchement, sauf peut-être celui d'avoir mordu mon chum...).

C'est décevant, certes, mais ce n'est que le début d'une histoire, pas la fin.

luce a dit...

oh la la ma petite marsouine! comme tu es dure envers toi-meme! je te souhaite mille et une bénédictions et je te couvre d'une infinie tendresse. Tu as fait le meilleur choix et ton enfant a besoin d'une maman en santé. Quelle chance il a!