mercredi 29 septembre 2010

L'apocalypse

Mon dernier billet parlait de l'automne, de ce qu'il signifiait avant, de ce qu'il signifie maintenant. De ce que l'automne représente de promesse et d'espoir, même si la nature se prépare à prendre des vacances sous la neige.

C'était avant l'apocalypse. Avant que la vie ne m'envoie une série d'uppercuts qui me laissent K.O. sur le tapis, tentant tant bien que mal de reprendre mon souffle, m'accrochant aux câbles. Je ne sais pas encore si je pourrai me relever.

La stabilité professionnelle (et financière) que je cherchais avidement et qui semblait s'être enfin matérialisée m'a glissé d'entre les doigts, pour des raisons sur lesquelles je n'ai aucun contrôle et d'une manière qui me laisse un goût amer dans la bouche. Je suis donc de nouveau en quête de cette stabilité, en catimini, assommée de me retrouver encore dans cette situation, en colère de retomber dans un état dont je pensais m'être enfin sortie.

L'insécurité financière qui en découle amène un sentiment profond d'échec. L'échec en tant que mère à pourvoir aux besoins de mon fils par moi-même, en tant qu'épouse à assumer ma part des responsabilités familiales. Un échec en tant qu'adulte à reprendre les rennes qui m'avaient échappées pendant mes études et les années qui ont précédées la fin de mon congé de maternité et mon arrivée officielle sur le marché du travail. Et la colère contre ma voiture qui rend l'âme au même moment :)

Mais si ce n'avait été que cela, ça aurait été un ouragan. L'apocalypse qui se dessine aujourd'hui est beaucoup plus sournoise. Le mot qui commence par C a fait son apparition dans nos vies. Et c'est ce tremblement de terre, dont nous ne sentons pour le moment que les secousses qui l'annonce, qui apporte le coup de grâce. L'ombre de la mort qui plane sans se poser, la perspective des traitements, de la maladie, de la famille à gérer, de tout ce qu'on ne peut pas anticiper qu'il faudra confronter. Et je ne suis même pas certaine que cette personne a envie de se battre. Est-ce qu'il faudra la regarder abandonner la bataille avant même qu'elle commence?

Je ne crois pas au karma, ni à quoi que ce soit d'autre en réalité, mais j'ai hâte que les mauvaises nouvelles cessent et que l'espoir revienne dans nos vies. Parce qu'aujourd'hui, l'avenir me semble sombre...

lundi 16 août 2010

La rentrée

Le mois d'août tire à sa fin et avec lui l'été et son tourbillon d'activités. Et surtout la maudite chaleur. J'ai souffert de la chaleur cet été. Les nuits sans sommeil pour moi, pour l'Élu et pour mon fils (même le chien!). J'ai hâte aux belles journées fraîches de septembre, quand il fait 25 le midi au soleil plombant au point où on a encore l'impression que l'été va durer éternellement mais les soirées sont fraîches et les nuits merveilleusement frisquettes! On met nos vestes de coton ouaté et on marche dans les champs dorés et cassant alors que les feuilles commencent à tomber.

L'automne a longtemps été pour moi un symbole de vacances. Je travaillais à temps plein tout l'été et je rêvais au retour à l'école et aux journées d'un ou deux cours, sans trop de travail au début de la session avec tout plein de temps pour aller manger un nachos au Pub ou voir une partie de football du Rouge et Or. Mais depuis que j'ai fini l'université, mes deux derniers automnes ont eu une saveur bien différente. Le premier, j'étais enceinte et je terminais un travail que j'adorais. J'envisageais un automne de disette sur le chômage mais de repos bien mérité. Le second signifiait la fin du tourbillon de l'été en congé de maternité (ET de paternité) et des fonctions familiales et le début d'une petite routine douillette à la maison avec mon bébé.

Cet automne, je travaille. J'ai travaillé presque tout l'été (7 jours de vacances en juillet, c'est tout!) et je vais travailler presque tout l'automne. J'irais même jusqu'à dire que, pour la première fois dans ma vie, l'automne n'est PAS synonyme de transition. En fait, la transition sera là mais pas pour moi: pour l'Élu. Mon fonctionnaire de mari a enfin franchi la distance et réalisé le projet dont nous discutions depuis trois ans: il commence l'université. Il va devenir ingénieur. À temps partiel, bien entendu, dans des conditions inespérées! Nous nous attendions aux sacrifices tant en terme de salaire que de temps. Mais non! Son employeur assume ses frais de scolarité et lui libère des journées pour aller à l'école, trop heureux de s'assurer d'un ingénieur à moyen terme, eux qui sont tellement difficiles à recruter et conserver dans la fonction publique, les salaires étant loin d'être concurrentiels avec le privé.

Il est anxieux mais je crois qu'il est heureux. Parce qu'il le fait avant tout pour lui, pour se lancer un défi, parce qu'il a besoin de repousser ses limites et qu'il ne veut pas avoir de regret. Et, je dois l'avouer, je suis un peu jalouse. Je suis nostalgique de mes années d'études, où l'avenir était encore plein de possibilité, où les idées de grandeur et les idéaux étaient monnaies courante.

Cet automne, c'est mon tour de le soutenir, comme il l'a fait pendant ma dernière et difficile année et demie d'étude. Et je suis bien contente de pouvoir le lui rendre.

mardi 3 août 2010

Le travail et les rêves

De retour au travail après de courtes vacances, j'achève le cinquième mois de travail pour mon nouvel employeur. Ceci est officiellement la plus longue période de ma vie où j'ai travaillé à temps plein. Je ne savais pas si j'y survivrais. J'étais habituée à mon horaire de surnuméraire, à de courtes et longues périodes mortes sans travail, à travailler sans arrêter de juin à septembre, à aller à l'école au travers de tout ça. Puis la grossesse, le congé de maternité. En y réfléchissant bien, même si j'ai commencé à travailler à l'âge de 15 ans (18 ans pour le travail de bureau), je viens tout juste de réellement amorcer ma "carrière". J'hésite à employer ce terme car mon emploi n'a rien à voir avec mes études et ce n'est pas nécessairement la profession la plus stimulante que je puisse imaginer et je ne crois pas que je puisse m'y épanouir totalement. Mais, la paie est décente et le travail n'est pas trop ennuyant (quand il y en a, bien entendu). Bref, je vois mon travail beaucoup plus comme un moyen que comme une fin. Et ce moyen est plus rationnel qu'autre chose: horaire, salaire, conditions de travail, proximité et un minimum de stimulation intellectuelle pour éviter de faire une dépression.

J'aimerais avoir un travail que je trouve passionnant, quelque chose que je ne considère pas comme un travail mais plutôt une activité qui me donne l'impression de ne pas travailler tout en me permettant de gagner de l'argent. Et si je me donne la peine d'y réfléchir, il y a deux choses qui me procurent cette impression: écrire et cuisiner. Et m'occuper de mon fils mais malheureusement personne ne va me payer pour ça.

Écrire. Depuis l'âge de 14 ans, je rêve d'écrire. En fait, j'écris depuis bien plus longtemps que ça alors je devrais plutôt dire que, depuis l'âge de 14 ans, je rêve d'être publiée. Je ne veux pas écrire un best-seller. Je ne veux pas écrire un classique. Je veux écrire un roman, un bon roman. Un roman qui permettra au lecteur d'entrer dans un univers. Un roman qui fera dire à ceux qui l'ont lu: j'ai aimé. Un roman qu'on aura envie de recommander. Je sais qu'elle existe cette histoire et plus le temps passe, plus je commence à la deviner. Mais il y a une autre chose que j'ai compris à l'âge de 14 ans: pour écrire, il faut avoir vécu. Suffisamment vécu. Et il faut parler de ce qu'on connait. J'attends donc, le bon moment, la bonne histoire, la bonne idée. Plusieurs personnages existent déjà et attendent eux-aussi. Peut-être que leur histoire ne fera pas partie de «l'histoire» qui se révélera à moi. Seul le temps nous le dira. Je vous tiens au courant.

Cuisiner. À la fin de mon cégep, je n'avais pas envie d'aller à l'université. Je voulais faire un cours de cuisine professionnelle. Pas pour devenir cuisinière. Pour savoir cuisiner. Bien sûr, ma mère a été cuisinière professionnelle et a fait cette formation et bien que je n'aie jamais voulu, plus jeune, qu'elle me montre à cuisiner, j'ai toujours admiré son habileté à prendre 3 ou 4 restes et en faire un plat succulent en quelques minutes. Les cinq dernières années m'ont permis de développer mes compétences, sans technique bien entendu. Je me débrouille suffisamment bien en cuisine pour impressionner et même si tout n'est pas parfait, il n'y a pas grand chose à mon épreuve. Je n'arrive cependant toujours pas à réussir de la pâte à tarte... L'Élu et moi avons un rêve, un rêve de retraite. Parce que nous sommes conscients des risques financiers que ça implique et que nous ne voulons pas en faire l'aventure d'une vie. Mais nous voulons, un jour, une auberge. En fait, un restaurant avec des chambres. De la bonne nourriture, simple, comme on l'aime, avec une bonne ambiance. Rien de spectaculaire, juste assez pour que les gens puissent venir chez nous, bien manger à peu de frais, boire de la bonne bière maison (nous sommes des brasseurs amateurs) et entendre de la bonne musique. Rien d'excentrique, pas de projet plus grand que nature, juste le simple plaisir de manger et le plus abordable possible.

En attendant de réaliser ces rêves, nous travaillons tous les deux, élevons notre fils, commençons à envisager de lui faire un frère ou une soeur et d'adopter un autre chien. Nous ne sommes pas pressés de réaliser nos rêves. Mais nous avons des rêves.

mardi 13 juillet 2010

Et encore une fois...

Pour la quatrième fois de ma vie, hier, j'ai reçu une mauvaise nouvelle. Pour la quatrième fois de ma vie, j'ai entamé le cycle familier des émotions et des sensations qui se bousculent quand la mort frappe. Soudainement, sans prévenir, un ami dans la fleur de l'âge, que dis-je, dans le bourgeon de l'âge. Les premières heures de douleur intense, de larmes incessantes, de détresse et de déni. Puis la seconde vague, quand le choc est passé, quand on se sent vidé, sans énergie ni motivation, sans tonus, comme si c'était un tour cruel que la vie nous jouait quand on réalise que notre vie à nous se poursuit comme si rien, ou presque, ne s'était passé. C'était un accident, un vrai, comme ce le fut pour les autres. Personne sur qui porter le blâme, juste une combinaison de facteurs qui se réunissent.

Comme tous les amis de jeunesse, on ne se voyait plus beaucoup, quelques messages échangés virtuellement. Trois ans depuis notre dernière rencontre, fortuite. Et je me dis que j'aurais pu faire des efforts. J'aurais pu dire bonjour chaque fois que je le voyais en ligne, au lieu de me dire: «Tiens! Il est là!» sans rien faire. Au lieu de me contenter du sentiment qu'il était toujours là, quelque part, et qu'un jour, nos chemins se croiseraient à nouveau le temps de se saluer et de se raconter combien nos vies avaient changées.

Mais ce n'est pas parce que les gens ne sont plus activement dans nos vies qu'on cesse de les aimer, qu'on cesse de penser à eux, qu'on les a oubliés.

Il était la personne la plus saine et la plus sympathique que je connaissais. Il était brillant, talentueux, sportif, heureux. Il était mon ami.

vendredi 9 juillet 2010

Le bébé: un nouvel accessoire tendance?

Bon, je blagues un peu. En fait, je m'apprêtes à émettre une réflexion, on pourrait aussi dire opinion, légèrement controversée: est-ce qu'on doit ou peut amener bébé partout avec soi dans tout ce que l'on fait?

C'est une question qui me turlupine depuis que mon fils est né, même avant, parce que je vois et entends beaucoup de choses dans les deux sens. Personnellement, je considère qu'à partir du moment où j'ai choisi d'avoir un enfant, j'ai aussi fait le choix que beaucoup de choses allaient changer dans ma vie, entre autre au niveau des activités et des loisirs. Mon fils a besoin de stabilité dans ses heures de repas et de sommeil, surtout dans les 18 à 24 premiers mois de sa vie, donc je fais les choix nécessaires pour pouvoir lui offrir cette stabilité. Bien entendu, plus il avance en âge, plus je suis flexible à ce sujet. Mais, considérant toutes les études sur le manque de sommeil des enfants à long terme, j'essaie d'être rigoureuse en ce qui concerne l'heure du coucher: 19h30 la majorité du temps, jamais plus de 21h quand il y a des circonstances exceptionnelles. Je tiens également à ce qu'il ait ses deux siestes par jour (mon fils dort beaucoup, je sais que chaque enfant est différent mais un bébé de moins d'un an qui ne «sieste» pas plus d'une heure par jour, par exemple, je trouve ça douteux...) ou au moins UNE bonne sieste les jours plus irréguliers.

Vous voyez le topo en gros. J'ai, cet hiver, passé une semaine de vacances dans les Caraïbes avec ma mère. J'ai laissé mon fils avec son père car il était, pour moi, inenvisageable de me reposer avec un bébé de 9 mois. Et l'objectif était de me reposer, avant de reprendre le travail. J'ai vu beaucoup de bébés en voyage. Beaucoup de bébés au soleil sans protection, beaucoup de bébés éveillés jusqu'à 22h-23h, en pleurs, épuisés. J'ai moi-même, un soir, pris en charge le petit garçon de deux ans d'un couple d'européens que nous avions rencontré, qui tombait de fatigue alors que ses parents, dont sa maman enceinte de 3 mois, voulaient continuer de prendre un verre au bar. Je n'ai pas aimé beaucoup de ce que j'ai vu. Et hier soir, au Festival d'été, vers 22h, j'ai vu TOUT PLEIN de bébé, en ville, à 30 degrés et plus, des bébés de quelques semaines (voire jours?) à peut être un an ou deux. Encore une fois, des bébés qui crèvent de chaleur, qui pleurent de fatigue. Pas tous. Mais plusieurs quand même.

Et c'est pourquoi je m'interroge. J'ai entendu BEAUCOUP de gens me dire: «Ce n'est pas parce que nous avons eu un enfant qu'on doit arrêter de vivre.» Effectivement. Mais ne devrait-on pas modifier notre façon de vivre en fonction des besoins de l'enfant? Surtout les premiers mois, alors que son développement est particulièrement sensible et qu'il a besoin de stabilité? Les exceptions ne font pas la règle, mais y a-t-il des contextes, des activités, où l'on devrait considérer évident qu'il ne faut pas y amener d'enfants?

Il y a quelques années, avant d'avoir un enfant, l'Élu et moi assistions à un spectacle de musique. Un couple y avait emmené leur fille, de 18 mois. Ils étaient en avant de tout, avec la petite qui se couvrait les oreilles car elle était à côté des enceintes de son. Des gens leur ont dit d'éloigner la petite des caisses de son et ils se sont fâchés en disant qu'ils l'exposait à toutes sortes de choses et que c'était une expérience pour elle.

Mon réflexe est: DANGER! Risque de dommages auditifs!

Alors, où est la ligne entre la surprotection et le bon sens? S'agit-il simplement d'un concept de gestion du risque?

J'ai ma façon de faire, je ne dis pas qu'elle est la seule bonne et efficace. Mais le malaise que je ressens, quand je côtoie des enfants en très bas âge dans des contextes où je trouve que c'est plus nuisible que bons pour eux qu'il soient là, m'amène à m'interroger. Est-ce que un enfant peut faire partie de toutes nos activités, peu importe l'heure, le lieu et les conditions?

lundi 5 juillet 2010

Mon secret

Pour quelques minutes, je dois faire de ce blogue un blogue de maman. Pour avouer un secret, me l'avouer à moi-même en réalité.

Toute ma vie, j'ai entendu les histoires d'accouchement de ma mère. Du fait qu'elle n'avais peu ou pas ressenti de douleurs, qu'elle avait elle-même été chercher ses bébés pour finir de les sortir de son ventre. J'ai toujours entendu parler de l'accouchement comme quelque chose de simple, facile à la rigueur. Et j'étais convaincue que les miens seraient comme ça. Toute ma grossesse j'ai côtoyé des femmes viscéralement angoissées par l'accouchement et la douleur. J'étais incroyablement horrifiée d'entendre certaines femmes souhaiter une césarienne ou même insister pour en avoir une. Et je me faisais l'avocate de l'accouchement sans douleur, en clamant que c'était possible et qu'il fallait casser l'image de la femme souffrante et hurlante.

Pourtant, MON accouchement fut très différent de ce que j'espérais. Sans vous en faire le récit détaillé, disons que j'ai eu un accouchement atypique qui n'a suivi aucun modèle. Ce qui a eu pour conséquence que sur les 23h qu'ont durées les contractions et les 12 heures de celles-ci que j'ai passées à l'hôpital (un dimanche dès 3h am), on a menacé de me renvoyer chez moi­. Ce qui m'a mis dans un état de stress et de tension incroyable. Et une infirmière me disais que je me plaignais pour rien, que je ne POUVAIS pas avoir mal puisque mes contractions n'étaient pas assez rapprochées et donc que je n'étais pas encore en travail. 2h avant d'accoucher, après plus de 48h sans sommeil et plus de 24h sans nourriture, j'ai finalement eu la péridurale et j'ai pu me reposer et accoucher de mon fils sans prévenir, en quatre poussées. J'ai accouché de mon fils avec des contractions aux cinq minutes, qui n'ont jamais été plus rapprochées de tout le temps que le travail a duré­. D'où les commentaires de l'infirmière sur le fait que je n'étais pas entrain d'accoucher et que je devais retourner chez moi et libérer un lit pour une femme qui en avait vraiment besoin. Et dans mon insécurité, sachant ce que je ressentais, j'étais effrayée qu'on me renvoie. Mon fils étant venu au monde avec deux tours de cordons autour du cou (sans conséquences) le résultat aurait pu être dramatique.

Je vous raconte tout ceci parce que, pour toutes ces raisons, je tente de me convaincre rationnellement que ce fut la bonne décision de prendre la péridurale. Parce que je SAIS que au moment où j'ai fait ce choix, j'étais au bout de mes forces mentales et physiques. Mais même si mon cerveau le "sait", mon coeur m'en veut. Je m'en veut. Je vis un sentiment d'échec immense chaque fois que j'entends une femme raconter son accouchement naturel­, sans anesthésie. Je me sens faible, inférieure, lâche. Je me dis que ce sera partie remise au prochain accouchement mais une partie de moi a l'impression que si je n'ai pas eu la force la première fois, je ne l'aurai pas la seconde.

J'ai échoué. Et ça ne me hante pas constamment. Mais ça me fait un petit pincement au coeur de déception chaque fois que j'y pense. Je n'ai pas été assez forte. C'est mon secret.

jeudi 1 juillet 2010

La Marsouine joue dans l'eau

J'ai déjà parlé ici de mes rondeurs. Je suis toujours plutôt indifférente, du moins la majorité du temps, à l'abondance qui caractérise mon grand corps. J'ai même perdu du poids avec ma grossesse. Au plus fort de ma grossesse, soit juste avant d'accoucher, je pesais 10 lbs de moins qu'avant de tomber enceinte. Inutile de vous dire que les autres nouvelles mamans, à l'hôpital, avec leur restant de bedon qui pendouillait, regardait mon ventre plat avec haine quand je me promenais dans les couloirs. Mais la nature a repris quand même une partie de ses droits. Bref, plus pour ma santé et ma longévité que pour mon apparence, j'ai récemment commencer à me demander si je ne devrais pas perdre du poids (le "C'est beaucoup trop!" de mon nouveau médecin lorsque je lui ai dit mon poids a aussi pesé dans la balance).

J'ai cependant fait face à un problème: COMMENT perd-on du poids de façon volontaire??? Je n'ai jamais fait ça de ma vie! J'ai fouillé un peu sur le net car je refuse de modifier mon alimentation, qui est selon moi très équilibrée et je n'ai pas mis dix ans à contrôler mon hypoglycémie pour tout recommencer. D'ailleurs, j'ai constaté que plusieurs conseils et méthodes ne s'appliquaient pas à moi puisque je ne suis pas en gain de poids. Je stagne autour du 200 lbs avec beaucoup de stabilité.

En partageant mes interrogations avec mon nouveau "work husband", celui-ci m'a proposé la chose suivante: il aime beaucoup se baigner MAIS sa conjointe, à l'instar de mon Élu-grosse-moumoune, ne raffole pas de batifoler dans l'eau. Il m'a donc proposé de mettre en commun notre intérêt mutuel pour le "gossage aquatique" et d'aller participer au bain libre bi-hebdomadaire de la piscine locale (on est presque voisins en plus).

Hier soir était donc la première de nos futures régulières visites à la piscine, du moins je l'espère et je compte bien mettre toute ma volonté à tenir mon engagement. On a passé deux heures dans l'eau à jaser, à gosser, à faire des trucs chacun de notre bord. Et en sortant de l'eau, j'avais l'impression d'avoir bougé. Et ce matin, mon corps me le confirme (ouch l'acide lactique!). Et je me sens envahie d'une bonne ptite dose de fière-de-moi, d'énergie nouvelle et de volonté qui me laissent croire que je vais être assidue. Ça me fait du bien, ça me fait sortir, ça laisse à mon mari le temps de jouer au PlayStation tranquille (ce qui fait pas mal son affaire) et l'heure est parfaite puisqu'on part juste après avoir mis Charlot au lit.

C'est donc en me tortillant de partout pour apaiser les petites douleurs de mon corps que je vous raconte ceci. Et j'en suis fort aise. La Marsouine a retrouvé le chemin de l'eau!

lundi 28 juin 2010

Concert de balcon

Comme je l'ai peut-être déjà dit (ça fait quand même presque deux ans que je ne blogue plus assidument et je ne me suis pas relu donc un peu d'indulgence) je suis une Limouloise depuis quelques années, même si je reste une Marsouine de coeur et de descendance, à défaut de l'être géographiquement. Donc, ce week-end, c'était Limoilou en musique. J'ai eu beau râler pendant un bon dix minutes parce que j'ai dû me trouver un autre stationnement pendant quatre jours, j'ai trouvé particulièrement agréables l'animation et l'ambiance de mon coin de rue pendant ces festivités. C'est quand même un privilège de «voir» un show de Creature et de Fred Fortin de mon balcon, même si les arbres nous obstruaient la vue, mais ce n'était pas nos premières armes avec ces deux-là donc on voulait surtout entendre. Les artisans dans la rue, les enfants qui jouent au ballon dans ma rue, fermée pour l'occasion, même pendant le spectacle de Michel Louvain, les madames sur leurs chaises pliantes et les vieux couples dansants, qui se font INTERDIRE par la police de danser dans la rue (!!!!!!!!!!!!!!), étaient attachants. C'était vraiment une excellente idée de s'adresser à un public aussi vaste avec des artistes aussi éclectiques ,mais parfaitement adéquats. Tout le monde a eu droit à sa part et chacun a accepté les choses qui s'adressaient à d'autres et ont même pris le temps de s'y attarder. Bref, même si c'est incroyablement bruyant, les spectacles prenaient fin à 23h et je peux bien me coucher un peu plus tard quelques soirs par année si c'est pour avoir le privilège d'assister à une telle démonstration de bonne volonté, de divertissement de qualité et d'esprit de fête. Ça me fait encore plus apprécier mon quartier et son caractère unique qui me rappelle un village, quand on connaît de vue, sinon de nom, la plupart des employés des commerces (pharmacie, quincaillerie, boulangerie), avec les personnes âgées sur les bancs qui commentent le trafic, les enfants de tous les âges un peu partout, les chiens de toutes les tailles et toutes les couleurs (je pourrais aussi dire les gens), même les quelques «poqués» par la vie qu'on s'approprie un peu et qui gravitent dans notre univers même s'ils n'en font pas vraiment partie... un rappel constant de nos privilèges et de la nécessité de rétablir un lien avec ceux qui nous entourent, ne serait-ce qu'en se disant bonjour.

Bref, même si les vastes étendues d'eau et de gazon me manquent tous les jours, je me surprends à aimer cet «aquarium» qu'est Limoilou pour la Marsouine «en captivité» que je suis.

vendredi 25 juin 2010

Le camion de vidange

Depuis mercredi soir, ma rue est inaccessible. Résider en plein coeur de Limoilou a ses avantages mais aussi ses inconvénients et parfois la ligne entre les deux est très floue. Donc, Limoilou en Fête et les festivités de la Saint-Jean ont bloqué ma rue et celles environnantes jusqu'à lundi et j'ai droit à de la musique à pleine tête, bonne et moins bonne, dans mes fenêtres de salon. Mais ce matin, c'est vendredi. Et le vendredi matin, c'est le matin des vidanges et du recyclage (il fut un temps où c'était le mardi et le vendredi ET c'est peut-être encore le cas mais comme on n'a pas daigné s'informer, on prend pour acquis que c'est vendredi seulement). Donc, matin de sacs verts et de bacs bleus. Mais la rue étant fermé, COMMENT pourrons-nous nous débarrasser de toute cela? Les trucs de vidanges sont peut-être suffisamment téméraires pour arracher mon rétroviseur (longue histoire...) mais ils ne passeront tout de même pas sur la scène installée au Carrefour de ma rue?

Bon, la solution simple pour nous a été d'aller porter bacs et sacs sur la rue derrière. Mais tout ça m'a amené une réflexion. Autant en ville qu'en campagne, nous sommes incroyablement dépendants d'une multitudes de choses mais, à part peut-être l'eau, je ne crois pas qu'il y ait un service plus important que celui des vidanges (mettons le déneigement l'hiver). Les égouts à ciel ouvert de la 4e Avenue (j'ignore ce qu'ils y font mais ça dure depuis 3 semaines) me font chaque fois penser à ce que devait être la vie dans les métropole européennes au 16e siècle alors que la rue servait d'égout et la fenêtre de poubelle. L'odeur nauséabonde qui devait être constante et les détritus qu'il fallait enjamber pour se déplacer.

À voir la quantité de déchets (et de recyclage... et on va se remettre au compost) que notre petite famille amasse en une semaine (un gros sac vert bien plein), nous sommes pris au dépourvu quand on oublie la journée des ordures alors si on fait un calcul rapide de la densité de population multipliée par les sacs à ordures qui en résultent et l'absence de service d'éboueur, je crois que Limoilou disparaîtrait sous une montagne d'ordure en moins de 2 mois. Totalement arbitraire comme intervalle de temps, je n'ai même pas sorti ma calculatrice.

Tout de même, ça m'inspire un nouveau respect pour nos éboueurs au point où je suis prête à leur pardonner mon rétroviseur arraché (ils n'ont probablement pas fait exprès). Et ce matin quand j'ai croisé le camion de recyclage (parce que c'est bien beau recycler mais en bout de ligne c'est pareil, faut quelqu'un pour le ramasser) j'ai bien failli m'arrêter pour aller dire merci aux hommes qui nous "torchent" jour après jour et dont le rôle pourtant essentiel n'est probablement pas reconnu à sa juste valeur.

Donc, Merci messieurs (et mesdames) les éboueurs, j'apprécie votre travail :)

mercredi 23 juin 2010

Peut-être un début de recommencement...

Alors, je n'ose pas le dire trop fort mais, ce serait la seconde fois que j'essaie de reprendre l'écriture de ce blog depuis la naissance du marsouineau. Je ne fais pas de promesses, compte tenu de mon précédent échec à revenir dans la blogosphère, mais disons que le retour au travail et donc la présence quotidienne devant un ordinateur me semble un facteur positif. Encore une fois, ce sont mes proches et leurs constants: "Pourquoi tu n'écris plus ton blogue?" qui m'ont fait prendre conscience des choses que j'ai instinctivement laissé derrière lorsque je suis entrée dans mes nouvelles fonctions. Mais, comme mon retour au travail m'a forcé à reprendre contact avec la personne que je suis et que j'étais, au lieu de m'oblitérer volontairement dans mon rôle de maman, je dois reprendre mes droits sur ma vie et revenir à ce qui me fait du bien.

Bien sûr, un léger temps mort dans ma charge de travail n'est pas étranger à ce soudain désir de faire quelque chose de mes dix doigts, sur un clavier préférablement.

Or donc, «Que se passe-t-il dans l'océan de votre existence Mme la Marsouine?», me demanderez-vous. Mon premier instinct serait de vous livrer, comme aux autres, un fade et insipide «Pas grand chose, la routine» mais je vous dois plus que ça. Bien entendu, Charlot prend du gallon et les derniers mois ont été une période d'ajustements intense à mon retour sur le marché du travail, dans un travail complètement nouveau mais stable et à la nouvelle réalité de la garderie et du vélo-boulot-dodo (pas de métro à Québec!). Mais ce que je trouve le plus fascinant, c'est la nouvelle vision du monde avec laquelle je dois composer.

Comme tous les nouveaux parents, l'Élu et moi sommes emplis par les petites tâches quotidiennes et tous les aspects des soins à un pas-si-nouveau-né au point où nous avons longtemps été et sommes encore parfois complètement déconnectés du reste du monde. Difficile alors d'orienter nos conversations avec d'autres adultes sur des sujets matures et sérieux. Pendant toute la période de mon congé de maternité, où je n'ai côtoyé que des membres de ma famille et des amis nouveaux ou futurs parents, j'ai lentement glissé dans cet univers de maternité/paternité et de tout ce qui touche aux enfants, sans vraiment me rendre compte que je devenais... unidimensionnelle, soyons francs. Mais depuis mon retour au travail, je dois faire l'effort conscient qu'il existe deux types de personnes dans le monde: gens avec enfants VS gens sans enfants. Et j'utilise le "versus" volontairement. Les gens qui n'ont pas encore ou qui n'auront pas d'enfants se foutent ÉPERDUMENT de la marque de couches lavables que vous utilisez où des trucs que vous avez mis au point pour faciliter la vie d'un bébé qui perce des dents. Ils sont encore capable de parler de musique, de politique, de société, etc. Et c'est leur droit, même si leur désintérêt total est parfois une source de frustration et nous donne l'impression, à nous parents, qu'ils sont complètement insensibles.

J'ai donc dû développer un réflexe, qui n'est pas encore au point je l'avoue, afin d'agir comme une "sans-enfants" avec les sans-enfants et de redevenir une maman lorsque je suis devant un public réceptif. Et c'est difficile! Parfois, mon discours dévie légèrement sur mon fils et ses frasques avec un collègue qui n'a pas d'enfants et je peux voir ses yeux se détacher et sa pensée fuir au fur et à mesure que je m'enfonce dans mes histoires de gagaga et "d'accidents" dans le bain. Je me ressaisis alors par un "je sais, je sais, aucun intérêt", qui entraîne inévitablement un "mais non, ça m'intéresse" qui ne fait même pas l'effort d'être sincère, et on repart dans la conversation d'adulte.

Tout ça pour dire au fond que je ne fais que commencer à comprendre à quel point la maternité m'a changée et que je dois faire un effort conscient pour ne pas m'enfoncer dedans parce que c'est une fuite en réalité, tellement facile, mais qui ne fait que repousser l'inévitable. Je dois réconcilier tout ce beau monde en une seule personne et essayer de lui donner un air équilibré.

Lourde tâche ..... :)