vendredi 28 mars 2008

Prison bleue

Je vous raconte ceci environ deux minutes après l'événement. La chroniqueuse mode de notre quotidien a apporté une burqa dans la salle de rédaction. Un ami militaire lui avait ramené d'Afghanistan dans le temps des fêtes, à sa demande. Par curiosité. Paraît que ça se vend comme des t-shirts là-bas. Un petit anneau de fil au sommet du tissu témoigne de la méthode avec laquelle elles sont accrochées.

Les hommes ont ri, ont peu réagi. Toutes les filles de la salle se sont toutefois regroupées autour du vêtement, intriguées. L'une d'entre nous l'a enfilée, puis ensuite une autre, et une autre. J'ai refusé de le faire, je n'en ressentais pas l'envie. Pourtant, toutes celles qui ont porté le vêtement ont dit ressentir un certain stress respiratoire, sortant de sous le tissu le visage rougi, essoufflées. Même en tant qu'observatrice, nous ne pouvions nous empêcher de ressentir un certain malaise. On ne voit pas grand chose sous la burqa. Et on ne voit absolument rien du visage de celle qui la porte. L'une de nous a suggéré que des hommes l'essaient. Intéressant comme idée non?

Bref, extrêmement troublant comme expérience, l'espace d'un instant. Nous avons ensuite parlé de la Tchétchénie qui, après avoir imposé le voile islamique, voulait imposer la burqa.

Je ne peux m'empêcher d'y voir un symbole fort et dangeureux. L'anihilation totale de l'identité, la répression de la femme et de son identité, la honte de la féminité au point où il faut la cacher. Je n'ai jamais été une grande fan du voile, encore moins de la burqa. Mais je me dis qu'au moins le voile ne dissimule pas le visage. Mais cette expérience-ci m'amène à conclure que ces bouts de tissus, qu'ils coûtent 10$ dans un marché de Kaboul ou 3000$ dans une boutique de couturier, restent le symbole de l'oppression de la femme et que toute autre argumentation, aussi sensée soit-elle, n'est que le vestige d'une éducation qui se transmet depuis des millénaires et qui tente encore de se justifier dans une société qui est loin d'être égalitaire entre les sexes mais qui fait des petits pas, une génération à la fois.

** Ajout: Je vous renvoie à un livre dont j'ai déjà parlé La Servante écarlate, de Margaret Atwood, qui raconte l'histoire d'une société occidentale qui a lentement glissé vers le conservatisme extrême jusqu'au point où les femmes ont perdu toute liberté et vivent selon des castes (épouse, reproductrice, domestique) et portent des vêtements qui les recouvrent en entier, anihilant leur identité et dont seule la couleur est symbole de leur fonction.

Mea Culpa (juste un peu)

Je sais, je suis en retard. Ceux qui me connaissent vous le dirons, je suis souvent en retard. C'est génétique. Ma famille maternelle est connue pour être toujours en retard (sauf ma mère qui n'est pas en retard mais seulement TRÈS TRÈS à l'heure, pas une seconde avant, pas une seconde après).

Voici donc une petite exposition de mon cru que j'ai intitulé: Mon jardin de neige (brrrr kitsch à mort)


Ma cour arrière ou le chêne et le haut du banc
(si vous regardez comme il faut, vous apercevez dans le fond à gauche une ligne qui est en fait mon lac vu de loin. La profondeur sous vos yeux doit être multipliée par 10 pour comprendre la vraie étendue de ma cour arrière)


Autre vue de ma cour arrière mais vers la droite
(l'arbre décharné qui est à droite est un cerisier de France, survivant d'un couple, qui produit des petits fruits acides, sucrés et délicieux)


Le jardin sous la neige
(ce que vous voyez, dans le fond, à partir de la ligne d'arbre jusqu'à environ la moitié de la photo, ce sont mes voisins)



La cour à gauche de la maison quand on est derrière
(ne vous méprenez pas, on est un bon 15 m au dessus du niveau de la mer, c'est une illusion d'optique)


Ma cour d'en avant
(rien d'autre à dire. Pis oui, c'est le Massif en avant, gang de curieux!)

Bon ok, c'est plus de la neige que d'autre chose. Mais l'été, c'est beau en titi, surtout grâce aux aménagements paysagers de ma pôooovre maman qui se tue à planter des affaires que mon père trucide à coup de tracteur à gazon en faisant semblant qu'il ne les avait pas vu mais que dans le fond il n'aime pas les plantes, juste les arbres.

mardi 25 mars 2008

La Marsouine toute nue....

Ne cachez pas les yeux de vos rejetons en hurlant à l'indécence et en criant au scandale. Je n'ai pas l'intention de vous montrer mon corps! C'est une métaphore là! :)

Dans mon envolée littéraire précédente, j'ai volontairement révélé mes origines. Depuis presqu'un an, plusieurs ont tenté de deviner sans jamais trouver de quelle île du Saint-Laurent pouvais-je bien venir. Après une réflexion qui dure depuis quelques semaines et sachant que j'avais déjà donné suffisamment de détails éparpillés pour qu'un détective motivé découvre sans peine mon identité, je trouvais un peu superflu de maintenir la mascarade.

Je vous révèle donc enfin le pourquoi et le comment de La Marsouine.

Comme vous l'avez déjà lu, j'ai passé presque toute ma vie non-adulte à l'Isle-aux-Coudres. Mes deux parents en sont originaires et y vivent encore et j'ai encore une grand-maman qui est là-bas (elle va m'apprendre à faire des beignes dimanche prochain!!!). Tantes et oncles aussi bien entendu. Lorsque je cherchais un nom à donner à mon blogue, j'ai rapidement adopté le pseudonyme de Marsouine. Tout d'abord parce que, comme tous mes compatriotes de naissance ou d'adoption, cette île, on l'a dans la peau et dans le sang et ce, jusqu'à la mort. Avec tous ses défauts et toutes ses qualités. Ensuite, parce que je constate lentement que mon désir d'écriture doit prendre ses racines dans mes origines. Le récit de la Traversée est en fait très banal et semblable à plusieurs autres dans mon patelin. Mais je me suis dit que, pour vous, il serait nouveau et peut-être même intéressant. J'apprends, lentement, à intégrer mes racines dans ma plume, pour qu'elle soit solide et intègre.

Mais pourquoi m'identifier comme Marsouine, surtout avec une photo de béluga? Très simple en réalité. «Par che nous», comme on dit, les bélugas, ça s'appelle des marsouins. Ah, on a tort, on le sait, mais on les appelle de même pareil. Fin de l'histoire. Deuxième partie: pourquoi diable m'approprier le nom erroné de ces jolis mammifères? La réponse se trouve dans un film de Pierre Perreault: «Pour la suite du monde», qui fait partie d'une trilogie (Le Règne du jour et Les Voitures d'Eau) sur l'Isle-aux-Coudres (on voit mon grand-père dedans, le fameux Edgar Bouchard à qui j'ai volé son nom pour mon conte). En fait, le premier volet raconte la fameuse pêche aux marsouins (bélugas) qui a longtemps été le principal moyen de subsistance de mes ancêtres. Tellement que, lorsque ceux-ci arrivaient à Québec pour vendre leurs prises, ils empestaient tellement la baleine que les citadins leur donnèrent le nom de Marsouins.

Et me voici donc, webambassadrice de mon patelin, m'appropriant sans remords ni consultation, le titre de Marsouine :)


p.s. Juste pour vous, j'ai pris des photos ce week-end. Je vous mets ça en ligne d'ici demain

vendredi 21 mars 2008

La traversée de la tempête des granges

Le vieux bonhomme Guegard, comme tout le monde l'appelait, regardait le fleuve en plissant des yeux. Pendant que les hommes chargeaient le courrier au quai de Baie-Saint-Paul, il scrutait l'horizon, guettant les signes de la tempête. C'était le 29 mars 1929, vendredi saint. Le chargement du courrier prenait plus de temps que de coutume. Il était passé 16h et le soleil commençait à disparaître derrière les montagnes. Depuis la loi de 1924, laissant à la discrétion des municipalités le choix d'adopter ou non l'heure avancée d'été, plusieurs villes et villages du Québec tenaient des votes populaires pour suivre le mouvement ou non. Dans Charlevoix, un peu en marge du temps, les choses trainaient, au grand plaisir du bonhomme Guegard qui n'aimait pas trop les changements. C'était peut-être un de ses derniers voyages en canot à glace. Personne n'avaient pas voulu traverser à cause de la tempête des granges, la dernière de l'année, qui était imminente. Le vieux bonhomme Guegard avait recruté ses trois garçons et l'orphelin Tremblay, tous des costauds, pour aller avec lui de l'autre bord, chercher la «malle».

Alors que le dernier sac de courrier était embarqué à bord du canot, une lumière s'approchait sur le quai, révélant lentement la calèche du curé de Baie-Saint-Paul. «Monsieur Bouchard!», cria le curé en sautant par terre, «J'suis donc content de vous avoir attrapé! Je pensais que vous seriez déjà parti à c't'heure-là. J'ai une jeune dame qu'est arrivée au presbytère y'a une couple de minutes pour me demander l'asile pour la nuit, ben certaine que personne de l'Isle traverserait à soir vu la tempête qui s'annonce. Mais j'avais su par la dame du magasin Simard que vous étiez v'nu pareil avec vos fils. Faque on a pris une chance de v'nir au quai d'un coup que vous seriez encore là. Pensez-vous que vous pourriez prendre une passagère pour l'amener à l'Isle?»

Pendant les explications du curé, une jeune dame était descendue de la calèche. Vêtue d'une pèlerine bleu marine, sont visage était dissimulé par son capuchon, bordé d'hermine, une tenue qui démontrait une certaine aisance, peu courante dans la région. Lentement, la jeune femme ramena son capuchon derrière elle et se présenta: «Bonjour monsieur Bouchard. Vous seriez bien aimable de me permettre de traverser avec vous. J'avais perdu espoir de pouvoir me rendre à l'Isle avant lundi mais je dois à tout prix y être pour Pâques. Pouvez-vous m'emmener?»

Le bonhomme Guegard plissa les yeux en essayant de reconnaître la jeune femme devant lui. Elle avait un air familier qu'il ne pouvait identifier mais il n'oserait jamais poser des questions à une aussi jolie créature. «Ben sûr que vous pouvez embarquer mam'zelle! Mais vous êtes pas peureuse? La mer s'annonce pas ben ben facile à soir.» lui répondit le bonhomme.

«Appelez moi Adèle s'il-vous-plaît. J'ai vu pire monsieur Bouchard et, croyez-moi, le diable lui-même ne pourrait pas m'empêcher de traverser le fleuve.» s'exclama la jeune femme. Tous les hommes se turent soudainement et regardèrent Adèle avec un air réprobateur. Mal à l'aise, le bonhomme Guegard marmonna: «Faut les excuser, mam'zelle Adèle, mais c'est qu'en mer, mieux vaut pas invoquer le malin à la légère, c'est pas de bonne augure. Donnez moi vot' valise que j'la mette dans le canot» dit-il en saisissant les bagages d'Adèle.

Ils quittèrent le quai quelques minutes plus tard, une légère brume s'étant levée sur le fleuve aux glaces brisées. Le canot allait lentement, les hommes prenant plus de précautions qu'à l'habitude pour ne pas effrayer leur passagère, les traversées printanières étant toujours plus risquées. Mais celle-ci fixait le lointain, avec une flamme dans les yeux et une attitude fière de conquérante. Pour détendre l'atmosphère, le vieux bonhomme Guegard réfléchissait tout haut, laissant son aîné mener le canot.

«C'est ptête ben ma dernière traversée. J'm'en viens trop vieux pour ça. Ma femme aime pas ça que je m'en aille de même de l'autre bord quand le fleuve est pas clair. De toute façon, y paraît qu'y veulent nous mettre une traverse d'hiver. Un brise-glace qu'y appellent ça. C'est un peu comme la fin de que'que chose. J'ai comme l'impression de vous connaître, mam'zelle Adèle. Z'êtes-t-y une fille de la Baleine ou ben de l'Anse?» Adèle lui sourit et ne dit mot.

«Oh j'veux pas être indiscret vous savez. Ma mère m'a appris qu'il fallait pas trop poser de questions aux dames.» Après un moment de silence, le bonhomme Guegard repris: «Yé supposé d'avoir une veillée demain soir à la salle municipale. Paraît que ça va être ben plaisant. Moi, j'danse pu, sauf des fois à la mi-carême, mais ma femme aime ben ça aller dans ces veillées-là pour jouer aux cartes avec la veuve Leclerc pis le vieux bonhomme Perron. Pendant ce temps-là moi, je r'gard les jeunesse qui s'epivardent, j'aime ça les jeunesses, ça a tout le temps l'air d'avoir des promesses dans les yeux. Oh, mes fils eux-autres, y sortent pas trop. Alexis, le grand en avant, sa femme vient d'avoir des jumeaux pis avec les 3 qu'y'avait déjà, il reste avec elle pour pas qu'elle se fatigue trop. Elle a passé proche vous savez mais la Sainte-Vierge veillait au grain. Michel lui, y va aller prendre la relève au phare pour que Ti-Georges puissent aller se dégourdir un peu. J'pense ben que Tancrède, ça c'est mon plus jeune ça, lui qui est à vot' gauche, il serait sorti un peu. Vous savez, à 21 ans, y doit ben commencer à avoir envie de courtiser une des filles à 'Poléon. Mais sa soeur, ma fille, est tu' seule à la maison avec le p'ti pendant que son mari travaille au port, à Montréal, pis ma femme a demandé à Tancrède d'aller y tenir compagnie pendant qu'on serait à la veillée. A reste su' l'cap pis ça peut être ben solitaire su l'cap...»

Le vieux bonhomme Guegard devint silencieux, perdu dans sa réflexion sur sa maisonnée. Le canot avançait bien malgré les vents qui devenaient plus forts. Il observait Alexis qui menait l'embarcation avec fermeté et assurance. Il voyait ses deux plus jeunes qui ramaient avec lui et qui couraient sur les glaces quand elles étaient encore assez prises. Le pti Tremblay se débrouillait pas pire en arrière. Il travaillait à la ferme de monsieur Bouchard depuis quelques années maintenant et il faisait un peu partie de la famille.

Arrivé environ aux deux tiers du fleuve, la traversée commençait à être plus ardue. Les hommes suaient à grosses gouttes et le bonhomme Guegard avait remplacé le jeune Tremblay à l'aviron. On voyait à peine la lumière du phare et, même si personne ne disait mot, il devenait clair que les hommes s'inquiétaient s'ils n'étaient pas partie du Nord trop tard. La jeune Adèle, quant à elle, restait stoïque malgré la tempête naissante, les yeux fixés au fleuve en direction de la pointe de l'Islet. Devant son calme, les hommes ne voulaient tout de même pas avoir l'air plus peureux qu'une jeune fille. Ils redoublèrent d'efforts en tentant de s'orienter quand, soudain, droit devant eux, une lueur rougeâtre se dessina au loin. Perplexe, les hommes se dirent que, voyant que le temps devenait mauvais, le maître de poste devait avoir envoyé des hommes faire un bûcher pour orienter les voyageurs. Ils mirent le cap sur la lueur, sans remarquer que leur passagère s'était mise à respirer plus vite, comme si elle était soumise à une grande tension.

Après une demie-heure d'efforts, ils aperçurent enfin la rive mais il n'y avait aucun feu. Ils accostèrent, épuisés mais heureux d'être arrivés. Le bonhomme Guegard envoya Alexis chercher les chevaux chez les Dufour, qui vivaient à un demi-mille et à qui ils les avaient laissé. Monsieur Bouchard aida sa passagère à mettre pied à terre et il s'affairait à débarquer les sacs de courrier avec son fils quant ils entendirent un son de cloches qui se rapprochait. C'était trop vite pour qu'Alexis ait eu le temps d'arriver chez les Dufour, d'atteler et de revenir. Pourtant, un équipage approchait.

C'était Siméon Harvey, un jeune homme de la baleine qui était revenu de la ville avant les Fêtes. Il faisait des études classiques pour devenir médecin mais quand son père était mort, malgré les protestations de sa mère, il était revenu à la maison pour prendre soin d'elle, de la terre et de ses jeunes frères et soeurs. «Monsieur Bouchard, vous arrivez du Nord?» cria-t-il en attachant ses chevaux.

«Ben oui mais veux-tu ben me dire s'que tu fais icitte le jeune? On était même pas sûrs de revenir à soir pis ça a dû te prendre au moins une demie-heure pour t'en venir de che vous!» lui répondit le bonhomme Guegard.

«Ah je saurais pas trop comment vous le dire monsieur Bouchard. J'm'étais couché de bonne heure parce que j'suis supposé d'aller déneiger à l'église demain matin. Pis j'ai faite un drôle de rêve, j'me rappelle pas trop ce que c'était. J'me suis comme réveillé tout d'un coup pis, je sais pas pourquoi, ya que'que chose qui me disait de vnir à l'Islet. Faque j'ai attelé pis chu parti. Maman me trouvait un peu fou mais c'était comme qui dirait, plus fort que moi», expliqua-t-il en s'approchant. Il n'avait pas encore aperçu la jeune femme qui avait remis sa pèlerine de façon à ce qu'on ne puisse distinguer ses traits.

«Ben, c't'un drôle d'adon. Nous autres aussi, yé arrivé de quoi de ben étrange. Pendant qu'on s'en venait, on avait un peu perdu nos repères pis on était pu sûrs trop trop d'aller dans la bonne direction. Tout d'un coup, ya comme une grande lumière qui est apparut envers la pointe de l'Islet. Faque on s'est dirigé par là. Sauf qu'une fois icitte, y'avait pu rien. En tout cas, astheure que t'es là, tu vas nous donner un coup de main pour remonter le canot, Alexis devrait pas revenir avec les chevaux avant une bonne secousse» lui dit le bonhomme Guegard.

En s'approchant pour aider les hommes, Siméon aperçu enfin la silhouette d'Adèle. Il s'arrêta net, un peu intrigué. C'est à ce moment que le vent tomba. Adèle retira son capuchon, révélant son visage. Retenant un cri, Siméon s'exclama: «Adèle? Adèle! C'est toi? Mais, mais, qu'est-ce que tu fais ici?» Tous les hommes se tournèrent vers eux, étonnés de voir que Siméon connaissait leur passagère.

«Bonsoir Siméon. Je suis venue de Québec. Je ne pensais pas être en mesure de traverser ce soir mais monsieur Bouchard a eu la bonté de me prendre avec lui. La lettre qui t'annonçait ma venue doit d'ailleurs être dans un des sacs qui est traversé avec nous. Je suis venue pour toi Siméon, pour rester. J'ai aussi apporté ceci...» dit-elle en extirpant une grande enveloppe de sous sa pèlerine. «C'est une lettre du Dr. Saint-Gelais. Il a pris des arrangements pour que tu puisses passer ton évaluation à Baie-Saint-Paul. Il m'a aussi donné ton diplôme et les papiers nécessaire pour que tu t'établisses ici. Je les ai remis au curé de Baie-Saint-Paul qui les donnera au docteur Toussaint. Celui-ci te les remettra après ton évaluation.»

Poussant un cri de joie, Siméon pris Adèle dans ses bras et la fit virevolter. Un peu perdus, le bonhomme Guegard intervint. «Wo, wo le jeune. Je veux ben craire que tu connais la demoiselle mais c'est pas une conduite digne d'un chrétien, de faire des affaires pareilles dehors en pleine tempête. V'la mon Alexis qui arrive là. J'vais le laisser s'occuper du courrier avec les jeunes pis toi, moi pi mam'zelle Adèle, on va s'en aller chez ta mère avec ta carriole pis tu vas m'expliquer toute cette histoire-là»

Pendant le trajet du retour, Siméon expliqua au bonhomme Bouchard que lui et Adèle s'étaient connus à Québec. Elle était la fille de l'ami de son père chez qui il logeait. Ils étaient devenus amoureux et il lui avait promit de la demander en mariage à son père dès qu'il obtiendrait son brevet. Toutefois, la mort de son père et ses obligations familiales l'avaient obligé à interrompre ses études. Il était revenu à l'Isle, incertain de son avenir. Il avait demandé à Adèle de ne pas l'attendre en vain.

Une fois arrivés chez la veuve Tremblay, Adèle termina l'histoire. Morte de chagrin, Adèle s'était confiée à son père sur leurs amours et sur la promesse de Siméon de la demander en mariage. Étant fille unique et orpheline de mère, son père était très attaché à Adèle et ils étaient très proches. Après avoir longuement discuté avec sa fille et constaté la fermeté de ses affections, il intervint auprès du docteur Saint-Gelais, qui supervisait Siméon pour l'obtention de son brevet. Découvrant que, selon le docteur Saint-Gelais, Siméon pourrait certainement réussir son évaluation même si son externat avait été écourté, il arrangea les choses pour que Siméon puisse compléter son brevet et, cédant aux demandes pressantes d'Adèle, il la laissa partir elle-même pour apporter à Siméon la lettre du docteur Saint-Gelais ainsi qu'une lettre de lui, ou il acceptait de lui donner sa fille en mariage. Malgré l'heure tardive, la veuve Harvey et le bonhomme Guegard laissèrent les tourtereaux à leurs retrouvailles. Monsieur Bouchard pris le chemin du retour avec Alexis qui était venu le chercher après avoir déposé le courrier, épuisé par la traversé et remué par les émotions dont il avait été le témoin bien involontaire.

Épilogue

Le lendemain soir, à la salle municipale de l'Isle-aux-Coudres, c'est un Siméon Harvey tout pimpant, sa fiancée au bras, qui arriva à la veillée de Pâques. Le bonhomme Guegard ne les lâcha pas du regard de la soirée, tout heureux d'avoir pu aider à réunir un «aussi beau couple de jeunesses». Quant à leur traversée hors du commun, aux senteux qui mémèraient que le diable y était pour quelque chose, le bonhomme Guegard leur répondait: «J'suis pas un homme assez savant pour dire si c'était Dieu ou le Diable qui a fait qu'on a pu se rendre à bon port. Mais j'ai ben de la misère à croire que le Malin aurait eu à coeur de rendre une aussi belle promise à son fiancé, foi d'Edgar Bouchard».


* Bien que plusieurs éléments soient historiquement exacts, je ne suis pas assez au fait du procédé exact de la traversée en canot ni des coutumes de l'époque pour être certaine de n'avoir commis aucune erreur, factuelles ou temporelles. J'invoque la license artistique :)

** Tous droits résérvés La Marsouine

jeudi 20 mars 2008

Jingle bells, jingle bells... oups, pas le bon mois!

Il neige. Encore. Mais c'est beau quand même. Ce matin, ma rue avait l'air du plateau de tournage d'Edward Scissors Hands. La neige avait pas l'air vraie. Les arbres de Limoilou ont cassé et plié, de sorte que lorsqu'on se promène dans la rues, on a l'impression de déambuler sous la voûte enneigée d'un paysage fantastique ou d'une forêt urbaine. C'est pas pire pantoute.

Demain soir, l'Élu, mon frère, Naslun et moi partons pour l'Isle. Youhou! Fait plus de deux mois que je n'y suis pas allé et c'est loonnnnnnnnnnng. Je parlais à ma mère hier, de ça justement.

Moi: Fak on arrive vendredi soir là.

Ma maman: C'est bien. Je vais m'arranger pour que ta chambre soit libre

*Pendant les rénos, ma chambre était devenu un entrepôt pour la cuisine

Moi: Est-ce que Naslun est invité?

Ma maman: Ben oui il est invité mais j'suis pas certaine qu'il va avoir beaucoup de plaisir ce week-end...

Moi: ??? (je m'exprime beaucoup avec mes sourcils..)

Ma maman: Ben c'est plein de neige autour de la maison et il ne sera pas capable de grimper sur les bancs de neige.

Moi: Quoi? Ce chien là? Ne pas aimer la neige? Est-ce qu'on parle du même chien? Il est en amouuuur avec la neige, c'est presque sexuel son affaire!!! Pis si tu penses que tes ptits bancs de neige vont lui faire peur. Il y en a un dans notre ruelle, 20 pieds de haut, coupé à 90 degrés par la déneigeuse pis j'te dis qu'il l'enjambe en deux temps trois mouvements. Stun alpiniste!

Bref, beaucoup de plaisir en perspective, pour tout le monde, puisqu'il n'y a rien de plus agréable qu'un chien speedé complètement brûlé. De notre côté on va patiner, sortir au bar de mes amis, aller voir leur bébé, souper en famille et jouer au scrabble devant le foyer.

J'vous inviterais bien toute la gang mais vous allez avoir peur de descendre la côte :P

mercredi 19 mars 2008

Funny Games

Je ne parle pas ici du remake de Haneke de son propre film de 1997 du même nom. Je parle de ceci:

Je n'ai rien d'autre à dire....

Merci à mon frère pour l'image

mardi 18 mars 2008

Parlons en donc!

Je voulais revenir sur le billet d'hier. Ben en fait, pas revenir mais continuer. Jusqu'à maintenant, je n'ai reçu aucun commentaire sur le billet. Bien que ça arrive encore, c'est plutôt rare et je me demande si c'est le fruit du hasard ou du sujet. Parce que, sans avoir l'air d'y toucher, j'aborde un énorme tabou dans le billet d'hier. J'avoue que j'y ai pensé à deux fois avant de l'écrire et de le publier. Je l'ai aussi fait lire à l'Élu, parce qu'il est mon premier critique, le moins loquace mais le plus sévère. Il n'a pas émis d'objection. Son seul commentaire a été :«Tu sais que mon père risque de lire ça?» (parce que mes beaux-parents me lisent). J'avoue que ça aussi ça m'a fait hésiter. Mais bon, j'ai persisté et signé.

Maintenant, parlons en plus. J'aborde, dans mon billet précédent, un tabou doublement tabou. La masturbation, pour commencer, et le plaisir féminin, pour continuer. Ce n'est pas un tabou nouveau. L'Église nous a bien appris depuis des siècles, que l'acte sexuel ne devait avoir lieu que pour la reproduction et qu'aucun plaisir ne devait en être tiré. Depuis, les choses ont changé (un peu) mais, ne soyons pas naïf, ce genre d'endoctrinement demande plusieurs générations avant de s'effacer complètement. Le sexe, le plaisir, l'érotisme, sont maintenant des sujets discutés plus ouvertement. La «relation sexuelle» entre deux individus peut être facilement abordée, de façon générale et «mécanique», sans susciter trop de remous. On constate toutefois que l'équité homme/femme est loin d'être arrivée dans ce domaine, vu la quantité incroyables de revues au contenu porno soft (style Summun et Maxim) ou carrément plus éloquent (Playboy, Juggs, etc.). Je suis certaine qu'ils ont leurs équivalents féminins mais le simple fait que je puisse facilement nommer les revues pour hommes et ne même pas connaître une seule revue pour femme est, selon moi, très révélateur.

Les magazines pour femmes (Clin d'Oeil et autres) parlent aussi de la sexualité féminine mais dans une optique plus romantique, plus sensuelle. J'ai rarement vu, bien que je ne sois pas une habituée de ces publications, un article aborder plus cruement la question des objets sexuels féminins ou de l'orgasme féminin. Et encore, quand c'est le cas, c'est souvent abordé d'un point de vue très mécanique et dans le contexte de la relation sexuelle. En tant que fille, je peux dire qu'il y a très peu de filles dans mon cercle avec qui je pourrais discuter de masturbation sans malaise. Mais les choses changent, lentement. Je me souviens d'une émission du midi, avec Louise-Andrée Saulnier, qui abordait le sujet sans détour et je dois avouer que j'adorais cette émission. J'en ai appris beaucoup de choses et lorsque j'ai été confrontée à certaines situations, j'avais l'information nécessaire pour les gérer. Parce qu'il y a aussi toute une dimension d'éducation à la question, qu'il ne faudrait pas négliger.

Je fais seulement une constatation ici, un genre d'état de la question. Je n'ai pas de réponse ni de questions. Même moi, malgré mon acquisition de dimanche soir, je ne sais même pas encore si je vais m'en servir, j'ai des tabous envers moi-même! Mais bon, selon Sex and the City, c'est un must pour toute femme qui se respecte et c'est une religion pour moi cette émission héhéh :)

J'aimerais vraiment vous entendre (vous lire en fait) sur la question. Je ne veux rien savoir de personnel mais plutôt votre opinion, que vous soyez un homme ou une femme, sur votre perception de la question. Existe-t-il un débat? Est-ce que vous croyez que c'est le genre de chose qui devrait effectivement rester dans l'intimité la plus stricte? Pourquoi est-ce que le standard est différent pour l'homme et la femme selon vous? Je suis toute yeux (parce que toute oreille, ça fitte comme pas).

lundi 17 mars 2008

Toutes sortes de machines (billet 3X)

Bon début de semaines, chers liseux.

Un lundi ensoleillé, du moins à Québec Cité, et un lundi où l'on règle les dossiers. Voyez-vous, la semaine dernière, je vendais ma voiture. Mais pourquoi? Bien que celle-ci fut la première, les voitures ont de commun avec les hommes que le premier amour dure rarement toute une vie (en fait, je ne connaît pas de cas de voiture qui a présenté un tel exploit de longévité mais, couvrons nos arrières). Ainsi, j'avais l'opportunité de racheter la voiture de location d'une connaissance, la même personne de qui j'avais acheté mon auto actuelle, il y a quatre ans. Après moult calculs, tergiversations, rebondissements, complot (j'en suis convaincue) de la part d'un concessionnaire Nissan (le BOSS en fait) qui a «par hasard» croisé ma route pour m'offrir un deal sans égal sur une Versa que je convoite en secret depuis des mois, nous avons finalement décidé de garder la voiture qui m'est fidèle depuis plusieurs années. Je l'ai fait nettoyer, j'ai fait changé le pare-brise (qui avait craqué après six mois de vie commune) et je lui ai acheté des enjoliveurs cheaps au Canadian Tire (prononcer ka-na-di-ant - ti-re en français). Ma petite Mazda brille donc en ce moment, de son noir sale de deux jours, dans un parking gouvernemental de la ville de Québec. Et elle partagera nos routes pour la vie ou jusqu'à ce que j'aie les moyens de m'acheter une auto neuve dont je pourrai ENFIN choisir la boîte de vitesse et retourner à mes premières amours «à la clotch».

Parlant de bras de vitesse, suite à ces petits aléas avec LA machine la plus grosse et la plus dispendieuse de mon existence, laissez moi vous parler de la machine qui fait partie de ma vie depuis hier soir. Petite machine qui m'a d'ailleurs coûté plus cher que le nouveau pare-brise de l'autre. Messieurs, si vous êtes délicats et prudes, c'est ici que nous nous quittons. Sinon, mordez dans un morceau de bois, ça va passer.

Mon nouvel ami Raine (diminutif de Rainbow Beam, de son nom complet et aussi un hommage au magnifique chanteur d'Our Lady Peace) est entré dans ma vie un peu par hasard, même si j'envisageais depuis quelques temps d'élargir ma culture à sa race. Samedi dernier, une amie de l'Élu enceinte jusqu'aux oreilles (qui n'est peut-être plus enceinte au moment où j'écris ces lignes) m'a proposé de l'accompagner à une soirée Fantasia, qui avait lieu hier soir chez une autre amie de l'Élu, elle-aussi enceinte mais jusqu'aux coudes seulement. Mon bras a dû subir un peu de torsion avant que j'accepte. Je n'avais aucune idée à quoi m'attendre et je craignais que la soirée devienne une version hardcore d'une gang de filles aux danseurs. Toutefois, je le confesse mesdames, n'ayant jamais utilisé l'instrument qui, paraît-il, fait le bonheur de plusieurs femmes sur cette terre, la curiosité l'emporta. Je me retrouvai donc, assise en indien dans une immense chaise en osier au coussin fugueur, à sentir, toucher et goûter crèmes, poudres et huiles, aux vertus toutes plus lubriques (j'adore ce mot, je ne sais pas pourquoi) les unes que les autres. Je surfai sur ces divers produits, mon regard inexorablement attiré vers ces idoles en glue qui trônait sur la table et qui nous fûment présentés en dernier. Portant des noms coquins ou évocateurs : le Kangourou rose, le Charmeur, le Rainbow Beam et sa version boostée, le Rainbow Beam G Point. J'étais subjuguée et éblouie. Tant de variété! Mais, me demandais-je, sont-ils à la hauteur de leurs promesses?

Je m'en fut donc, après la démonstration Tupperware, rencontrer notre jeune représentante (22 ans, deux enfants, la «zone» n'a plus aucun secret pour elle). Je reparti avec le Dolfinger (!!!!) et le Rainbow Beam (qui fait de la lumière, je n'ai aucune idée dans quel but). M'en servirai-je un jour? Je n'en sais rien encore. Je suis convaincue que je me trouverais complètement stupide toute seule dans mon lit avec un truc qui vibre, qui fait un drôle de bruit et qui a une ambiance disco intégrée. Surtout qu'une petite partie de moi est convaincue depuis longtemps que ma vie est filmée, à la Truman Show, chaque instant de ma vie. Mais je me dis que le jour où je serai prête, Raine ne sera qu'à une extension de coude de ma portée...

vendredi 14 mars 2008

Le scandale de l'échalotte

Avouez que ça ferait un beau titre de livre hein? «Le scandale de l'échalotte», une histoire de meurtre, de trahison et de lubricité! Mais non mais non. Je vous parle vraiment d'échalotte!!!!

Pourquoi? me demanderez-vous, tentant de fuir mais en étant incapable, ma verve et mon verbe vous clouant sur place et vous hypnotisant, faisant de vous mes esclaves soumis et repentant (de quoi? on s'en balance!).

Parce que, j'ai constaté que beaucoup de blogguiste (j'ai le goût d'inventer des mots) donnent souvent, parfois ou rarement des recettes. Chose que je n'ai jamais fait. J'ai donc décidé de le faire. Mais pour le faire, faut que je vous raconte «de quoi».

Quand j'ai rencontré l'Élu, l'échalotte, pour moi, était et avait toujours été ce truc qui ressemble à un mini poireau que ma mère fait pousser dans le jardin ou qu'on achète à l'épicerie. J'avais bien entendu parler (vaguement) d'une échalotte grise, mais ça ne me taraudait pas outre mesure. Je suis une mangeuse d'ail et d'oignon moi (oignon que les partisans d'un nouvel orthographe phonétique veulent transformer en onion). Donc, j'utilisais souvent ces choses que j'appelais échalottes.

Mais là, vla ti pas qu'arrive l'Élu sur ses grands chevaux grimpés dans les rideaux. «Non, non c'est pas des échalottes ça!», qu'y dit. Je lui fais une face interloquée et je lui réponds «Mais de quosséske tu parles ti gars? C'est ben manque des échalottes, staffaire!». Et nous continuâmes on and on ainsi pendant des heures. Jusqu'au jour où. À l'épicerie. L'Élu, de son sobriquet auto proclamé donc peu démocratique mais nous l'appelerons l'Élu quand même, tombe sur un paquet d'ÉCHALOTTES françaises. Glorieux, fringant de sa victoire sur la Femme-ayant-rarement-tort (moi), il saisit d'un geste vif et vigoureux le paquet d'ÉCHALOTTES françaises et, cherchant des yeux la dame de son coeur qui marsouinait entre les allées, il vint se planter devant elle (moi, juste pour être sûre que vous suivez) et brandit haut et fort l'objet tant convoité et me dis : «AH AH! J'avais raison. C'est ÇA des ÉCHALOTTES.»

Dix minutes plus tard, une fois qu'il eut achevé sa danse de la victoire (qui implique contorsions et cabrioles dont les scientifiques cherchent encore la provenance), nous repartîmes pour la maison, moi plus savante et lui avec un ego de deux tailles plus grandes.

Voici donc comment j'ai découvert les VRAIES échalottes. Je vous présente donc ici une recette qui n'est pas la mienne mais que j'aime beaucoup.

Vinaigrette aux échalottes telle que reproduite au pif après avoir goûté celle du beau-frère:

  • - Vinaigre balsamique
  • - Huile d'olive
  • - Échalottes françaises

Verser dans un contenant de votre choix une quantité approximativement égale de vinaigre balsamique et d'huile d'olive (ajuste les proportions au goût). Ajouter des échalottes hachées, pas trop sinon ça devient trop dense, mais au goût quand même. Ajoutez du sel si vous voulez, je recommande le sel aux herbes Herbamare, qui a remplacé, du moins dans ma cuisine, toute autre forme de sel SAUF pour les frites.

Verser sur une salade de votre choix (j'vais quand même pas devoir vous dire comment faire la salade là?????).


Fin

Comme vous pouvez le constater, je cuisine comme j'écris, c'est-à-dire sans suivre un cadre établi et en y allant pas mal comme ça vient. Des fois ça fait dur, d'autre fois c'est étonnament délicieux (je cuisine vraiment bien en passant lol)

Sur ce, bon week-end!

jeudi 13 mars 2008

Je suis grosse... et ma foi, j'haïs pas ça!

Aujourd'hui, deux nouvelles.

1- Je viens de me rendre compte que j'aime ça un peu être ronde

2- Suite de l'acte 1 des «Fantômes du passé»

******
Commençons par la fin, ou plutôt par la suite. Ce midi, je pris la décisions financièrement contestable de dîner au Clocher. J'eus pu me payer un pita extreme pour 7$, mais mon corps me criait silencieusement qu'il voulait de la bonne bouffe. Je me dirigeai donc vers le dit Clocher, sur la rue St-Joseph, quand je croisai ENCORE mon ami Weezer. Je trouvais la chose très très drôle puisque la veille, lors de ma 4e visite sur Facebook, je l'avais trouvé, par inadvertance, et l'avait ajouté à mes amis, afin d'entrer en contact avec lui. J'ai donc pris le taureau par les cornes et ai expliqué à Weezer mon interrogation suite à notre précédente rencontre fortuite, à savoir: cette invitation à nous revoir, resterait-elle lettre morte ou pas? Je lui ai donc fait par de mon désir de l'honorer et nous avons convenu d'échanger par courriel les numéros de téléphones nécessaires à la chose et d'y donner suite rapidement. La vie fait bien les choses et je ne crois pas qu'elle ramène quelqu'un sur notre route pour rien.

*****
De retour au boulot, après un dîner pas piqué des vers, je fis un détour par la toilette. En me lavant les mains, penchée sur le lavabo, je me surpris à croiser mon propre regard dans la toilette. Et je fut étonnée de constater qu'une sensation agréable m'envahissait alors que j'observais les rondeurs récentes (2 ans environ) de ma poitrine, mes bras, mon ventre, mes joues, etc. Comprenons nous bien cependant. Je n'aime pas les plus récents «bourrelets» disgracieux qui ont élus domiciles sur mon bedon. Mais, à mon grand étonnement, je trouve le reste de mes rondeurs gracieuses, sympathiques, pleines de volupté, sensuelles, apétissante et riante. Peut-être est-ce l'image des grosses matrones aubergistes, des big fat mamas pleines de sagesse, je n'en sais rien. Mon amie que je trouve la plus belle est aussi la plus grosse de mes amies. L'amie de l'Élu que je trouve la plus belle est elle-aussi un peu ronde. Une des comédiennes québécoise que je trouve très jolie est Valérie Blais. Que se passe-t-il? Je crois que le culte de la minceur m'amène à culpabiliser de mes rondeurs pour des raisons de santé, de standards, etc. Je crois qu'on a peur maintenant du mot grosse. Or, pourquoi devrions-nous avoir honte d'être grosse? Attention là je ne parle pas d'obésité ou d'un grand surpoids. Je parle de rondeur, de formes, d'un peu de gras autour de l'os. Parce que la personne très mince n'est pas nécessairement plus en santé. C'est prouvé d'ailleurs qu'une personne grosse et active est en meilleure santé qu'une personne mince et casanière (bon ok je suis grosse ET casanière... mais je mange bien! héhé). En tout cas, je crois que notre perception du poids oblitère complètement la réalité de ce qu'est la santé. Et je crois que la honte devant les rondeurs (autant ceux qui les portent que ceux qui les voient) est absolument scandaleuse!

Ainsi, je le dis et je le répète ici, aujourd'hui: je suis grosse et j'aime ça. Ne prenez pas de gants blancs pour me décrire, ne me parlez pas de «bien en chair», «gros os», «charpentée». Il y a un mot pour ça: grosse! La coche d'après, c'est obèse. Et malgré ce que ma mère pense, je suis loin d'y être :)

Grosses de ce monde, soyez fières et affichez vos rondeurs et joufflitudes! Je vous aime!

Anecdote: mon frère, étudiant en médecine, pendant les fêtes, s'exerçait à prendre la tension artérielle. Lorsque ce fut mon tour, j'eus droit à ceci: «Ah, c'est la première fois que je vais m'essayer sur un bras dodu!» Mignon n'est-ce pas? :)

mercredi 12 mars 2008

We are cooooooooool

Je vous ai tu déjà dis que nous, les mammifères marins, nous sommes cooooooools? En fait, nous, de la famille des dauphins, on est plus que cool. On rock!!!

En voici la preuve pour ceux qui en doutent.

C'est genre le truc le plus cool que j'ai jamais vu!

mardi 11 mars 2008

Histoire vraie en quatre saisons

Il y a des journées où je ne me peux plus d'avoir MA maison avec MA cour et un GRAND terrain....

Dans mes moyens, en fait dans nos moyens, et dans mes goûts (grand terrain, pas trop de voisins, le plus campagne possible), c'est Sainte-Brigitte-de-Laval. Je magasine sur SIA.ca en poussant des gros soupirs, sachant que pour le moment, on va rester encore au moins un an dans notre 5 et demi à petit prix. Tout le monde sacre contre le traffic et je sais que c'est bien le fun d'être à 2 minutes de tout.... mais les maisons avec des cours dans notre coin, c'est rare et c'est cher. En plus, j'y connais rien, l'Élu pas beaucoup plus. On a déjà magasiné un peu mais c'est relativement un acte de foi, acheter une maison pour la première fois. En même temps, ça va faire 8 ans que je vis en appartement et même si ça peut paraître peu de temps, pour moi c'est une éternité.

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J'ai été élevée en liberté voyez-vous. Je n'ai constaté que tout récemment à quel point mon chez moi d'enfance est un endroit privilégié, même chez mes compatriotes régionaux. 50 arpents de terrain, avec un lac, une forêt, le fleuve, tout ça sur une île en plus, c'est comme dur à trouver et si ça se trouve, ça doit coûter un bras. Sauf que.

J'ai passé 16 ans sur mon domaine, à dompter les grenouilles sauvages, à ramasser des mulots et des corneilles blessées, à parler aux ruisseaux du printemps, à essayer (en vain) d'attraper des oiseaux avec un bâton, une corde, une boîte en carton et du pain, à pêcher des mini-mini-truites au tamis de friteuse, avec mon père, dans les petits ruisseaux pour les transférer dans le lac pour qu'ils grossissent, à regarder mon père entretenir la forêt à coup de scie mécanique, me montrant les bouleaux jaunes (ou merisiers), qui font sa fierté, et les petits chênes, qu'il a lui même planté, à chasser les papillons et les taons avec des pots Mason, à cueillir des fraises des champs, des petites poires (amélanches), des framboises, des merises, des cerises et des pommes, à faire la course avec Kim, ma grosse chienne labrador-berger allemand au coeur d'or, à tondre le gazon avec le tracteur, à 12 ans, mon walkman sur les oreilles, convaincue que personne ne m'entends à cause du bruit mais avec ma mère crampée en deux parce qu'elle m'entends fausser jusque dans la cuisine. Parce que le terrain chez nous, ça se tond pas à la tondeuse, non monsieur. Même avec le tracteur, ça prend un bon 4 heures et c'est sans compter la finition à la tondeuse et au fouet.

Une enfance à plumer les poulets de ma grand-mère (la maison voisine) tous les automnes, poulets qui sont arrivés en poussins, qu'on a nourris tout l'été et qui se tortillent, la tête en moins, pendant un bon 5 minutes dans le champ avant de mourrir. À acheter des bébés canards en avril, à les soigner pendant 2 mois à l'intérieur (ça pue!!!!), à leur faire une petite cage avec un grand bol d'eau quand il fait assez chaud pour les sortir et, finalement, quand ils sont assez gros, à les amener dans le lac et à leur apprendre à dormir sur l'île, à l'abri des renards. On en perdait toujours un au profit des prédateurs. Mon père les tuait à l'automne et on devait attendre le printemps suivant pour être suffisament détachés pour les manger. Mon oncle, qui habite maintenant la maison de mes grands-parents, qui chasse l'outarde tous les automnes. C'est majestueux de voir une volée de bernache s'envoler et ça fait mal au coeur de les voir tomber au son des fusils. On a passé la soirée de ma fête, il y a deux ans, à flatter le doux duvet de la bernache tuée le matin, avant de la vider, le lendemain et de la préparer pour être congelée.

Il y a mon deuxième chien, une petite mope noire caractérielle, qui s'était perdu dans le bois pendant les premières semaines, toute une nuit durant, avec un des pires orages que j'ai jamais vu (ou était-ce amplifié par l'angoisse pour mon petit chien?), retrouvé le lendemain chez le 4e voisin, en arrière de son garage. Il y a la butte à Ragout, avec sa façade à pique, devant le fleuve et les montagnes de la rive nord, où je me réfugiais, à 14 ans, pour écrire des poèmes mièvres et désespérés. Il y a l'hiver, avec le vent qui siffle dans la cheminée, se joignant au bruit des buches de bouleau qui crépitent. Le champ tout en blanc, un peu comme si ma cour arrière avait fusionné avec le «clos à cochon» pour devenir une grand lit de mousse blanche. Les hivers où le lac gèle bien, on peut gratter la neige pour patiner. Les soirs de décembre où la neige tombe doucement, ma petite rue est silencieuse à part le bruit du transformateur de la lumière de rue. On allait prendre une marche, en pyjama sous nos manteau, pour entendre seulement le bruit de la neige sous nos bottes, aucune voiture ne venant troubler la paix de l'hiver.

Il y avait les soirées de la mi-carême, celle de cette année doit déjà avoir eu lieu d'ailleurs. Où mon oncle et mon père, quand il n'était pas reparti sur son bateau, se déguisent avec des «chiennes» de bateau, des masques d'halloween ou des vieilles robes pour aller giguer à la salle de l'âge d'or. Il y a la course de chien, la course en canot, le carnaval, les criées, le bingo, les tournois de cayowenne (jamais su comment ça s'écrivait), les tournois de cribble, les soirées de danse, les soupers ou déjeuners de l'âge d'or. Dans le temps, il y avait aussi le terrain de croquet où j'allais parfois avec mes cousines et leur père, juste à côté de l'église.

Et puis il y avait les dimanches midis. Toute mon enfance, on m'a traîné à la messe, une de mes tantes étant la seule à réussir à me tenir tranquille (elle me donnait des paparmanes). Après la messe de 10h30, à laquelle mon père va encore «religieusement» (héhéhéh), c'était le rassemblement de toute ma famille paternelle chez mes grands-parents, la maison voisine, et toute ma vie, jusqu'en 1998, tous les dimanches ou presque, on mangeait de la soupe aux légumes et au vermicelle, du poulet rôti avec des patates pilées, de la salade et des navets et de la tarte au sucre pis de la crème aux pommes pour dessert.

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Ça a été ça, ma vie. Oh bien sûr, je vous épargne tout le psychodrame de mon passage à l'école primaire et secondaire, la période dépressive de mon adolescence, la solitude, la rage, les conflits familiaux, les heurts entre mes parents, le retour au travail de ma mère. Parce que malgré toutes les moins bonnes choses, le recul que j'ai aujourd'hui me permet de voir aussi toutes les bonnes choses. Les premières semaines de l'été quand l'école était finie et que je courrais chez mes grands-parents, à 6h du matin, incapable de dormir plus longtemps, pour manger des toasts sur le copper en sandwich au bananes et à boire du «café» (de caf-lib en fait). De voir que mon enfance était un peu en dehors de son époque, que je vivais dans un monde à part, encore plein de rêves et de possibilités. Bon, bien sûr je n'ai jamais eu le cheval dont je rêvais, mais je suis encore jeune héhé. Cet endroit là, il sera à moi et à mon frère un jour. Je rêve du jour où je pourrai y retourner. Lui aussi d'ailleurs. Ce dont nous prenons conscience maintenant, c'est de la force des liens qui se sont développés entre nous et notre «terre», parce que s'en est une, la terre familliale. C'est l'attraction qui nous tiraille et nous force à y revenir. Ce n'est pas encore possible, pas tout de suite. Mais je ne peux m'empêcher de sentir son appel et ça fait presque mal.

C'est pour ça que, quand l'été approche (même si ça paraît pas trop ces temps-ci), je me mets à me languir d'un bout de terre à moi, d'un tout petit carré de gazon, où je pourrais m'étendre, fermer les yeux, et m'imaginer que je suis sous le chêne, derrière la maison de mes parents, à écouter le vent, les vagues au loin, les avions dans le ciel, les tondeuses des voisins, les voitures en bas de la côte, les enfants dans les champs, à respirer au rythme lent de la mer, du vent, de la vie.

lundi 10 mars 2008

Monotone

Je viens de passer 10 bonne minutes à chercher un sujet sur lequel écrire. Je constate mon échec lamentable à trouver dans mon quotidien des derniers jours un sujet valable. Aucune nouvelle n'a soulevé mon indignation (qui est très légère et donc facilement levée, comme on le sait), aucune anecdote drôle (du moins aucune qui est suffisamment décente pour être partagée), aucune réflexion profonde. J'ai bien essayé de photographier Naslun couché la tête sur le téléphone, pour faire un post à la Pierre-Léon que j'aurais intitulé «Attendre un appel important», mais mon chien stupide se redresse dès que je fais mine de saisir l'appareil photo et se sauve au bruit qu'il fait lorsque je l'allume (la photo de Père Noël l'a probablement traumatisé beaucoup plus que je ne me l'était imaginé...).

On n'a rien fait du week-end. R. I. E. N. RIEN. Ben c'est pas vrai, on est allé déjeuner au Clocher Penché avec BB samedi matin (du tartare de saumon au déjeuner???? C'est presque indécent de volupté!). En revenant, on est allé à Place Fleur de Lys, j'étais à cour de shampooing et je voulais des balles de tennis blanches pour laver mon manteau. Sauf que. L'Élu a fait un détour par le magasin de jeux vidéos (et c'est moi qu'on traite de geek hein?). Et il a acheté Bully, un jeu des concepteurs de GTA (Grand Theft Auto) et qui fonctionne un peu sur le même principe sauf qu'au lieu d'être un petit criminel citadin, on est un ado qui doit dominer les cliques d'un établissement privé de «dernière chance» et rétablir l'ordre tout en s'établissant comme chef de l'école. Bref, j'ai regardé l'Élu jouer à un jeu vidéo tout le week-end. C'était tempête dehors en plus, rien pour nous inciter à bouger. Et aussi farnientesque que cela ait pu être, c'était pas mal. Je me dis que ce genre de fin de semaine «adolescentes» ne pourront pas se reproduire longtemps et qu'il vaut mieux en profiter pendant qu'on peut encore ne rien faire pendant deux jours sans trop de conséquences (sauf un plancher de bois franc qui a l'air de du tapis tellement le chien perd son poil).

La morale de cette histoire? La prochaine fois que vous allez déjeuner au resto, CLOCHER PENCHÉ et rien d'autre! (ceux qui sont à Québec là.... j'imagine que ceux de Montréal peuvent se rabattre sur le Byblos, dans leur grande tristesse héhéh)

vendredi 7 mars 2008

Nuit blanche, jour noir

- Hier, c'était la fête à Naslun. Il avait un an.

- Ah ouin? Vous avez fait quoi?

- Ben rien tsé!!! Stun chien, come on!

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On a mangé de la fondue par contre. L'Élu est allé à l'épicerie avec la mission d'acheter une poitrine de poulet, sachant très bien que ce qu'il allait acheter dans sa tête, c'est un morceau de viande de bois. Il est revenu avec une poitrine de dinde marinée style Général Tao. C'est plein d'épices ça hein? Pis on a décidé, maintenant qu'il n'est officiellement plus un chiot, de laisser dormir le chien au pied du lit. Combinaison explosive. En plus de me réveiller toutes le heures avec des démangeaisons partout, chaque fois que je changeais de position, mes pieds rencontraient un obstacle.

Résultat: à 6h du matin, j'étais bien réveillée et un peu hypoglycémique. J'ai donc pris le parti de me lever, me doucher, vider le chien (le sortir) et aller chercher des croissants aux amandes. C'est TRÈS rares qu'on déjeune ensemble la semaine l'Élu et moi mais ça a fait changement. Je vais ptête y prendre goût à me lever à l'heure des poules...

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Je suis maintenant officiellement couverte par un régime d'avantages sociaux, gracieuseté de mon employeur et mes cinq annnées de loyaux services (impliquant que je travaille tous les Noëls et tous les étés). Rappelez la GRC, je ne suis plus dans l'illégalité (je m'étais pas inscrite à la RAMQ quand l'assurance de mes parents a arrêté de me couvrir cet automne....). Je peux maintenant me bourrer de pilules, me faire massotripper, psychanalyser, chiropracter, physioter, ergoter, etc etc. pour la modique sommes de 50$ par mois. Yihouuu! Plus le temps passe et plus je me rends compte que l'adultèrité est en faite la même chose que l'adolescence, c'est juste qu'il y a plus de formulaires à remplir... Un RÉER??? C'est quoi ça?

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Sur une note plus sérieuse, j'imagine que vous avez lu dans vos quotidiens respectifs les récentes avancées du Bill C-484 ? Le Devoir de ce matin nous présente les cris de joie du mouvement pro-vie. J'ai déjà exprimé ma position sur l'avortement ici, je ne la répéterai pas. Je dirai donc seulement que je trouve ce projet de loi un peu hypocrite. Le même article nous dit qu'il y a CINQ cas recensés de meurtres de femmes enceintes AU CANADA. Loin de moi l'idée de diminuer la gravité de tels actes.... mais quand on pense au nombre d'enfants NÉS qui vivent de l'abus quotidiennement et à la quantité de citoyens qui réclame à grands cris (dans les journaux et tribunes télévisés) qu'on augmentent les peines pour leurs abuseurs et bourreaux, je me dis qu'il y a soit un petit problème de priorités quelque part, soit que le député à l'origine du projet de loi C-484 est vraiment naïf de s'imaginer qu'on ne le voit pas venir malgré ses dénégations. C'est exactement le genre de démarches qui ont été utilisées par la droite américaine pour réouvrir le débat sur l'avortement (qui est très loin d'être un droit acquis, surtout aux États-Unis). Je vous laisse lire l'article du devoir, il est beaucoup plus éloquent que je ne pourrais l'être. Je terminerai par ceci: je constate que le mouvement Pro-Vie entretient des liens extrêmement étroits avec l'Église. Ça me travaille énormément qu'aujourd'hui encore l'État ne soit pas complètement affranchi de l'influence d'institutions aussi rétrogrades et passéistes qui se targuent depuis (presque) la nuit des temps d'avoir la vérité absolue sur la vie et qui, pourtant, ont été la source de tellement de morts et de souffrances au nom d'un Dieu qui se veut amour...


mercredi 5 mars 2008

Des airs d'apocalypse

Il neige. Pour ceux qui ne le savaient pas encore. Il neige en es**. Avis à ceux qui ne sont pas au Québec ou dans la région de Québec: c'est le bordel. Tout est fermé, les écoles, les universités, les autobus même les bureaux! L'Élu s'est fait renvoyer à la maison vers 11h pour cause de neige.

Et moi? Et bien comme tout un chacun ne saurait se passer de sa dose quotidienne de nouvelles, nous préparons malgré tout l'édition de demain, avec des effectifs réduits il va sans dire.

Je ne sais pas si c'est l'effet de la tempête mais la quantité de crinqués qui décident de tuer le temps en téléphonant au journal, c'est incroyable. Ce matin, un monsieur, dont la voix me laissait deviner qu'il était en vie pendant la Première guerre mondiale, a décidé d'éprouver mes connaissances, en bon citoyen.

Premier appel

Moi: La Rédaction?

Lui: Bonjour mademoiselle, auriez-vous deux minutes à perdre pour répondre à une devinette?

Moi: Pardon? De quoi voulez-vous parler exactement monsieur?

Lui, d'une voix à peine audible: Pouvez-vous me dire combien coûteraient 100 pommes si la douzaine coûte 12 sous?

Moi, n'ayant pas vraiment écouté: Monsieur est-ce que vous appelez par rapport au journal?

Lui: Non non madame.

Moi: Monsieur, je vais devoir raccrocher, j'ai plusieurs autres appels en attente. (ce qui était vrai)

Il baragouine quelque chose et termine par: C'est bien c'est bien.

Je raccroche.


Cinq minutes plus tard, deuxième appel

Moi: La Rédaction?

Lui: Bonjour mademoiselle, auriez-vous deux minutes à perdre pour répondre à une devinette?

Moi, d'une voix résignée, comprenant que je ne m'en sortirai pas: Bon, allez-y monsieur.

Lui: Pouvez-vous me dire combien coûteraient 100 pommes si la douzaine coûte 12 sous?

Moi, très rapidement: Un dollar monsieur.

Lui, l'air tout surpris: Mais comment avez-vous fait pour le trouver?

Moi: Bien voyons, si la douzaine coût 12 sous, une pomme coûte un sous donc cent pommes coûtent cent sous ou un dollar.

Lui: Mais, saviez-vous, mademoiselle, que 98% des gens vont plutôt tenter de multiplier 12 par cent pour trouver la réponse?

Moi: Bien monsieur, j'ai terminé ma 5e année moi, je sais compter.

Lui: Ah? Bonne journée!


Fin de l'histoire


C'est de loin la chose la plus bizarre qui me soit arrivée dans le cadre de mon travail. Ça bat le monsieur qui appelait 20 fois par soir pour m'engueuler et me traiter de fasciste.

mardi 4 mars 2008

Damn you Universe!!!!!

Depuis un mois que je travaille à temps plein, emmagasinant l'argent et le redistribuant aussitôt à mes créanciers. J'attendais avec une petite impatience le temps béni où je retrouve mon horaire parcimonieux de deux jours semaines et qui, malgré le gouffre que cela crée dans mon portefeuille, me donnent l'opportunité de dompter la montagne de linge sale qui s'est accumulé en mon absence, prenant vie sous les traits d'un dragon féroce qui craint l'eau donc la machine à laver. Mais en vain, l'Univers en a voulu autrement! Un accident de voiture se terminant en pied cassé me parachute dans un autre sprint de travail à temps plein pour les 3 prochaines semaines. Ainsi, compte tenu des autres remplacements déjà prévu à l'horaire, je me retrouve à travailler à temps plein pas mal jusqu'à la fin de l'été. Mon chien m'a renié, le PlayStation a pleuré et les saisons de Roswell fraîchement downloadé (je sais, c'est «ado» pas mal mais je n'ai jamais vu la 3e saison à l'époque) devront attendre des cieux plus cléments. Le week-end jubile de récupérer son statut rédempteur et je ne sais si je dois rire de cet apport financier ou pleurer cette vie cruelle qui m'ôte mon temps libre.

Mais, je vous rassure tout de suite, vous n'en souffrirez point. Étant encore plus devant l'ordinateur que d'habitude, vous risquez même de me lire encore plus souvent.

Allez, bon vent!

lundi 3 mars 2008

Le vrai bonheur doit être partagé

C'est l'ultime constation du jeune Alexander Supertramp a.k.a Christopher McCandless, le jeune homme qui est à l'origine du livre Into the Wild de Jon Krakauer et du film de Sean Penn, qui porte le même nom. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, je vous résume le synopsis vite fait.

Au début des années 1990, un jeune homme de bonne famille qui vient de terminer le college (je ne comprends rien au système d'éducation américain.. mettons université) fait don de toutes ses économies (fond d'études, 24 000$ US) à OXFAM, brûle son argent, abandonne sa voiture, change de nom et disparaît sans prévenir qui que ce soit. Il est retrouvé mort en Alaska, deux ans plus tard (août 1992). Pendant ces deux années, il a consigné par écrit une partie de son expérience. Son objectif: se défaire de tout liens terrestres et matériels pour retrouver sa vraie nature, être en contact avec la nature sauvage. Le livre et le films sont inspirés de son périple et basés sur ses écrits.

L'Élu a lu le livre un peu avant les fêtes. Nous n'avions pas encore vu le film, snob que nous sommes, parce que nous digérons mal les versions traduites. Au mieux, tolérons-nous une version sous-titrée. Bref, le Clap a un spécial versions originales anglaises cette semaine, dont Into the Wild. Nous sommes allés hier.

Premièrement, le film est génial! Je n'ai pas encore lu le livre (l'Élu l'a prêté à mon frère et celui-ci n'a pas encore terminé. Il était d'ailleurs avec nous hier) mais j'ai quand même beaucoup aimé. Ceux qui l'ont lu m'ont confirmé que c'était extrêmement fidèle à l'histoire. Dans les remerciements du générique, d'ailleurs, on constate que la famille McCandless a apporté son support pour le film.

À part les vêtements des années 1990, franchement horribles, le sentiment d'inconnu, d'abandon et d'immensité nous envahi. Le film est constitué de deux «séquences» qui s'entrecoupent soit la dernière étape et objectif ultime de MacCandless: sa grande aventure en Alaska, et le périple qui l'a précédée. On apprend petit à petit l'histoire du jeune homme, sa colère envers ses parents et le monde de conventions auquel ils s'astreignent, camouflant et supprimant leur souffrance, imposant cette tension et cette violence à leurs enfants.

On constate rapidement que c'est la colère qui motive le jeune homme beaucoup plus qu'un désir d'absolu. Son imaginaire, alimenté depuis des années par Tolstoi, Jack London, Pasternak, etc., stimulent chez lui des idéaux plus grands que nature et crée une vision du monde distordue par l'univers littéraire. Il en devient aveugle au réel et sa quête bien que louable demeure un peu frivole et irresponsable. La preuve en est sa fin atroce et ironique. Après avoir donné tout son argent aux affamés du monde, il meurt lui-même de faim, prisonnier de la nature. L'homme du passé qui vivait dans la nature avait derrière lui un apprentissage et une culture de vie en forêt qui lui avait enseigné tout ce qu'il était nécessaire de savoir. Un homme moderne ne peut sérieusement penser survivre seul en forêt sans formation, simplement en ayant glané quelques trucs de base par-ci, par-là. Il est déjà incroyablement surprenant qu'il ait pu le faire pendant 10 mois.

J'aime de ce film qu'il n'idéalise pas l'homme et sa quête. J'aime qu'on montre aussi ses motifs inavoués, ses erreurs et ses regrets. Son aventure demeure exceptionnelle mais elle ne peut être le fait de tout un chacun.

Pendant le film, j'entretenais une conversation soutenue avec moi-même. Premièrement, l'histoire de McCandless fait naître l'envie. Un désir minuscule de partir et tout laisser derrière, affronter le monde et faire l'expérience de la vie. Mais je me suis rapidement demandée si ce désir n'était pas alimenté par la peur, s'il ne s'agissait pas en réalité d'une fuite de tout ce qui nous effraie dans notre vie, tout ce que nous ne voulons pas affronter.

Deuxièmement, je me suis demandée si ce désir n'était pas plutôt l'apanage de l'homme (dans le sens de mâle)? Ma conclusion est positive. Je ne saurais expliquer pourquoi, c'est juste une impression. Je ne dis pas qu'il n'existe pas chez les femmes mais je crois sincèrement que c'est plus présent chez les hommes. Pour un milier de raisons et pour rien aussi, parce que je crois que ça fait partie d'eux, de leur nature, de leur instinct. Je crois aussi que c'est stimulé par le besoin de se définir et de s'affirmer, chose qui est de plus en plus difficile pour beaucoup d'hommes dans la société moderne.

Troisièmement et finalement, j'ai pensé à moi et à l'Élu. J'ai pensé à cet Élu qui a attrapé le virus du voyage, qui a tellement besoin de ce sentiment d'être dépaysé, d'être dans un autre monde. J'ai pensé à moi qui fais un choix qui implique de laisser de côté l'aventure. Et ce n'est pas seulement «pour le moment», puisque le voyage n'a pas le même impact et ne se fait pas de la même façon dans la vingtaine que dans la cinquantaine. J'ai tendance à toujours vouloir tout faire, ne rien manquer. Mais c'est foncièrement impossible. Chaque choix que je fais pour ma vie implique de laisser de côté autre chose. Et je dois me rappeler pourquoi je fais ces choix et pourquoi ils sont importants pour moi. Je ne peux toutefois m'empêcher d'avoir peur. Cette maudite insécurité, maladie pour laquelle il n'y a ni vaccin ni cure. La peur que même s'il me dit le contraire, ces choix que nous faisons aujourd'hui, l'Élu et moi, il ne les regrette un jour. Ça l'enrage et je le comprends, il a l'impression que je ne lui fais pas confiance. Peut-être que je me soucis trop de son bonheur à lui et pas assez du mien... ou est-ce le contraire? Peut-être est-ce parce que je touche mon rêve du bout des doigts et j'ai peur qu'il me glisse des mains? Peut-être est-ce plutôt parce que mon rêve est si proche et que j'ai peur d'être aveuglé par lui au point de ne pas voir que je l'entraîne malgré lui? Car il n'y aura pas de retour en arrière possible. Est-ce que je vais arriver à cesser de croire que ce n'est pas seulement MON rêve mais le sien aussi, NOTRE rêve?

C'est beaucoup de questions et peu de réponses. La confiance est en fait, la seule réponse. La confiance en moi et mes choix. Ma confiance en lui. Notre confiance envers la vie qui, si souvent, nous apporte des réponses tellement simples.

Et c'est un peu la conclusion à laquelle on arrive au sortir de ce film, qui est beaucoup plus qu'un film selon moi, qui est aussi une grande histoire sur la vie. La conclusion qu'à force de se chercher, on finit par se manquer. Que pour se trouver, il faut fermer les yeux et plonger. Que la réponse qui nous fait si cruellement défaut ne se trouve pas à des miliers de kilomètres mais, plutôt, juste sous notre nez...