mardi 24 avril 2007

Dernières gouttes de la montée de lait...

Dans la lignée du billet précédent, je vous soumet un texte antérieur, publié dans mon journal d'association étudiante.

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Révolte d’un « B »

Aujourd’hui, la société en est une de plaisir et de performance. Il faut se démarquer, être original ou être tellement conforme qu’on en devient spécial. Il n’y a plus de place pour le rebelle modéré. On ne peut plus être seulement soi car ce « soi » est maintenant trop banal. Il faut être flamboyant, coloré, engagé, brillant. C’est affolant d’être un « B ». Cette lettre qui crie: « Tu surpasses peut-être les cancres mais tu ne brilleras jamais au firmament. Quoi que tu fasses, tu seras toujours deuxième. »

Qu’il soit plus (+) ou moins (-), un « B » reste un « B ». Alors la plupart des « B » aspirent à devenir « A ». Mais si le « A » ne nous intéresse pas ? Le « A » hurle : « Tu y es ! Tu es au sommet ! MAIS sois toujours sur tes gardes car il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. » Le « A » est synonyme de succès, de dépassement de soi, de se démarquer de la masse. Il signifie cependant aussi : attentes, pression, jalousie, exigences. « ATTENTION ! TU DOIS PROUVER QUE CE N’EST PAS UN ACCIDENT, tu dois accumuler les succès, les maintenir, ne pas flancher car alors, on saurait que tu n’es pas un « A », que tu n’es qu’un « B » qui tente de se faufiler parmi les grands. »

Le « A » fait peur, le « A » suscite des attentes. Quant au « B », personne ne s’attend à rien d’un « B ». Le « B », c’est un « A » qui n’a pas donné son 100%. On ne conçoit pas que le « B » soit suffisant pour certains. Un « B », c’est un « A » qui a abandonné en cours de route. On a toujours dit au « B » : « Si tu travaillais plus fort, tu serais un « A ». » Mais être un « A », ce n’est pas pour tout le monde. C’est possible pour plusieurs, mais on peut refuser sciemment de l’être. Un « B » peut faire le choix d’être un « B ». Un « B » peut être quelqu’un qui a refusé de se soumettre à la dictature du « A ». Un « B » peut aimer être un « B ». Être un « B » a déjà été très satisfaisant. Mais le « B » est aujourd’hui la pâle ombre du « A ». Il faut être « A », ou périr.

À BAS LE S « A », « B », « C » ou « D » de tout acabit !

À bas l’esclavage de l’excellence, mesurée selon des critères dépassés et subjectifs, complètement inadéquats pour la majorité des gens.

À bas la standardisation de l’intelligence !

À bas la catégorisation selon des barèmes rigides et dépassés !

À bas cette société de performance qui ne reconnaît plus la valeur humaine !

Descendez dans la rue, « B » de tous les coins du monde ! Réclamez votre droit d’être reconnus pour ce que vous êtes : des êtres compétents dont le système ne reconnaît pas la juste valeur et qui n’attendent que d’en sortir pour s’épanouir et devenir encore plus intéressants que d’insipides « A ».

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Bon. Un peu cliché et gros comme truc je vous l'accorde. Mais ça avait le mérite d'être sincère sur le fond
:D

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