jeudi 26 avril 2007

La portée de nos actes

Je voulais vous parler aujourd'hui mais je ne savais pas de quoi. Maintenant j'ai trouvé, et ce ne sera pas drôle ou ludique. Ce sera sérieux.

Un enfant est mort hier soir. Une querelle, un coup de poing mal placé et hop! C'est la tempe qui a accusé le coup, probablement le seul moyen de tuer quelqu'un de cette façon. Pendant la prochaine semaine (au moins) on va avoir droit à toute sorte de débats : les jeunes sont-ils trop exposés à la violence, comment se fait-il que ce genre de choses se produise, quel genre de parents élève un enfant qui réagit comme ça, etc. On va faire couler beaucoup d'encre, monopoliser du temps d'antenne mais peu de personnes vont vraiment s'intéresser à la situation. Personne ne va vraiment essayer de comprendre.

On va essayer de savoir qui a déclenché la bataille. Pour une casquette il paraît. Mais ce n'est pas ça qui compte. Peut-être que le jeune qui s'est fait taper, ça fait des années qu'il se fait crier des noms dans la cour d'école. Peut-être qu'il a essayer de riposter et en volant la casquette d'un de ses agresseurs, ou d'un autre, pour se venger. Ou alors peut-être que c'est l'autre, celui qui a frappé, qui endure depuis des années les flèches de ses camarades. Les garçons frappent, les filles bitchent. Peu importe, c'est le même problème et ce n'est pas rare que quelqu'un en meure. Peut-être qu'un des deux jeunes vit une situation intolérable à la maison. Ce sont des enfants, ils n'ont pas la même mesure que nous, ce qui peut sembler bénin à un adulte peut être la fin du monde pour un enfant.

Ce qui compte, c'est qu'on a un enfant mort et un autre qui va vivre tout le reste de sa vie avec ce geste sur sa conscience. Ce qui compte, c'est que ce coup de poing, ce n'est probablement pas un geste isolé entre deux grands amis qui viennent de familles parfaites. Parce que des familles parfaites, ça n'existe pas.

La violence est partout. Les enfants sont seulement l'expression de la violence latente dans tous les rapports de la société. Les rancoeurs entre voisins, les coups bas entre collègues, les mesquineries entre «amis», les tensions entre les conjoints. Tout cela génère de la violence en nous, de la violence qu'on nie, de la violence qu'on n'exprime pas. Parce qu'il faut être forts, il faut être insensibles à ce qui nous entoure, pour projeter une bonne image.

Les enfants n'ont pas ces conventions sociales pour brimer leur comportement. Quand la colère leur monte à la tête, ce n'est pas le mur qu'ils frappent, en détournant la tête, écarlate de rage. Et parfois, c'est un des leurs qui payent... ou plus souvent eux-mêmes.

Là où je veux en venir, c'est que cet acte est dramatique, alarmant et inquiétant. Quel genre de société sommes-nous devenu pour que nos enfants soient malheureux au point d'en venir à ces extrémités?

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