jeudi 6 décembre 2007

«Ces choses qui ne se sont pas passées» une histoire fleur bleue pour ceux qui les aiment

Mesdames, aujourd'hui, je m'adresse plus particulièrement à vous. Messieurs, vous pouvez lire, peut-être même que cette histoire vous semblera plus familière que je ne le crois. Aujourd'hui, je vais vous raconter ce qui ne m'est pas arrivé.

Je vous imagine, clignant des yeux, croyant avoir mal lu. Nonon, je parle bien d'une histoire qui n'est pas arrivée. Car ce sont les pires, ces choses que nous n'avons pas faites. Elles nous hantent, reviennent aux moments les plus inattendus pour nous donner une pichnotte derrière la tête et nous faire penser «Et si....».

******

J'avais 18 ans. J'étais une petite collégienne fraîchement pêchée et déposée dans le grand aquarium qu'est Québec. Ne frayant presque qu'exclusivement avec des marsouins, je commençais, lentement, à fraterniser avec le monde extérieur. Je terminais une adolescence difficile de laquelle j'avais conservé une tendance au mélodrame et au romantisme (dans le vrai sens du terme, pas dans le sens fleurs et chocolat. Je sortais également d'un grand amour, à sens unique ET platonique, bien entendu. Pendant deux ans, j'ai souffert physiquement (j'étais intense comme ado voyez-vous) d'un amour impossible avec un collègue, qui vient d'ailleurs récemment de convoler, on lui souhaite du bonheur. Donc, récemment éconduite, j'étais à la recherche de mon prochain soupiré (en effet, on ne soupirait pas pour moi, JE soupirais pour d'autre). J'ai rencontré, au début de novembre, celui qui, après plusieurs mois de tergiversations ridicules, deviendrait mon premier «chum» sérieux, appelons le Mister J, avec qui j'ai partagé trois années un peu bizarres. Mais ce n'est pas lui mon histoire.

Mon histoire commence une semaine après la rencontre de Mister J. Des amies m'invitèrent chez elles pour rencontrer le copain de l'une d'elle. Copain qui était venu avec son meilleur ami. Des gaspésiens, avec un très très léger accent sexy. Bizarrement, le meilleur ami avait le même prénom que ma flamme précédente. À la différence près que celui-ci est tombé amoureux de moi, ce que j'ai appris assez rapidement. Il est devenu mon meilleur ami, celui qui partageait la plupart de mes activités, celui qui écoutait des films avec moi, même si je m'endormais toujours après 10 min (et que je ronflais... paraît-il). Et il m'écoutait lui parler de Mister J., stoïque et ferme, avec parfois, un drôle de regard. Une veille de Saint-Valentin, j'ai appris la mort d'un ami. Nous sommes allés dans mon bar de prédilection, j'étais amortie par l'alcool, fuyant cette nouvelle. Et là-bas, pour la seule et unique fois, il m'a embrassée.

Je crois que je n'oublierai jamais ce baiser. Un peu comme s'il m'avait transféré toute la force de ses sentiments par ce simple contact. J'ai été secouée. Après quelques minutes, je l'ai repoussé, marmonnant quelque chose à propos de Mister J. Nous n'en avons plus jamais parlé. Il est resté dans ma vie, acteur important mais spectateur transi de ma vie amoureuse. Trois ans plus tard, une semaine après ma 3e et dernière rupture avec Mister J., il disparut.

J'en gardais le souvenir du premier homme qui tomba amoureux de moi. Je me torturais à me demander ce qui se serait passé si j'avais fait un choix différent. Je l'ai retrouvé, il y a deux ans. Il habitait avec la femme qu'il avait rencontré quelques temps après que l'on se soit perdus de vue. Je ne sais pas pourquoi, ça m'a démolie. Égoïstement, une partie de moi voulait qu'il m'attende encore, comme dans les romans. Nous nous sommes revus, chez lui, seuls. Nous avons discuté, quelques heures. Sans savoir pourquoi, je m'étais coiffée et maquillée. Je voulais être à mon meilleur. Je suis partie, croisant sa conjointe à l'extérieur, sans qu'elle sache qui je suis. Juste avant de sortir, j'avais eu une impulsion, je m'étais jettée dans ses bras. Et, que ça ait été le fruit de mon imagination ou non, j'ai su, à ce moment précis, que, d'une certaine façon, il m'aimerait toujours, et moi aussi.

Depuis, il a une famille et semble heureux. Nous gardons un contact sporadique et légèrement superficiel, volontairement. J'ai depuis rencontré l'Élu et suis la Marsouine la plus heureuse du monde. Parce que je sais que le pouvoir de cette histoire, son intensité, vient du fait qu'elle ne s'est jamais produite. Si nous avions fait un bout de chemin ensemble, cette histoire ne serait que celle d'une relation passée. Mais sa beauté réside dans son souvenir, un souvenir qui nous fait frissonner et qui nous tapote l'épaule de temps en temps, et nous fait penser: «et si....»

******

Et vous? Quelle est votre histoire qui ne s'est pas passée?

11 commentaires:

Jean-Philippe Murray a dit...

Hummm....

Mademoiselle Béa. Elle était de 4 ou 5 années mon ainée. (Je ne suis pas certain du temps, je sais l'âge qu'elle avait, mais je ne suis plus certain du mien à ce moment.) De beaux cheveux roux, un rire et une joyeuseté (comme elle le disait) de vivre comme il s'en fait rarement. Dans mon cercle d'amis, elle était l'une des plus convoitées, et avec raison... Et ma foi, il semble qu'elle savait en profiter rondement! Mais à l'époque, j'étais un homme timide (je le suis encore en fait!) et surtout, déjà en couple. Alors, mis à part la trouver totalement désirable, la vie à continuer son chemin...

C'était un samedi soir, si je me rappelle bien. Au milieu de l'hiver. Dans la ville de Québec aussi. Beaucoup de gens entassés dans un sous-sol pour une activité quelconque. Le seul corridor qui nous amène vers les W.C. est étroit et si les gens ont le malheur de l'emprunter en même temps de sens différent, ils doivent se coller très serré ou l'un des deux doit rebrousser chemin et bon, l'inévitable se produit. Alors que je revenais des W.C. elle, voulait y aller. Après quelque minutes d'obstination verbale absurde à savoir qui à la meilleure raison de ne pas rebrousser chemin, nous sommes convenus qu'il y avait une impasse et que, nous devrions passer en même temps. Ce que l'on fit.

Comble du destin, je jure sur la tête de ma mère, nous sommes restés coincés. (Oh pas d'une manière extrême, suffit que de forcer un peu pour se déprendre, reste que le petit 3 secondes coincé bah...)

Elle — Face à face de même, je te frencherais drette là.
Moi — Euh.... Ouain. Mais... Bah, tu sais, moi être un french ou une baise passagère... Disons qu'à avoir le choix, ça serait tout ou rien, avec toi...
Elle — Et si je voulais plus?
Moi — Je serai forcé de te rappeler que je ne suis pas disponible.
Elle — Dommage...
Moi — Ouais... Je sais...

Après, la vie à suivi son trajet. Elle s’est fait un copain, mais nous sommes toujours restés très proches. Et bon, voilà... Au printemps, quelques mois à peine après ce moment, elle est décédée accidentellement.

Une histoire qui ne s’est pas passée... Que j'ai regretté et que je regrette encore. Parfois, il m'arrive encore de rêver à elle la nuit...

La Marsouine a dit...

Vous allez me faire pleurer monsieur le lapin! Quelle histoire tragique!! Mais ô combien digne de figurer dans le Hall of Fame des histoires qui ne se sont pas passées! Merci!

Moukmouk a dit...

Ayant marché plus longtemps, j'ai plusieurs histoires de ce type. Des amoureuses rêvées, dont certaines ont partagé des nuits avec moi.

Je ne crois pas à la "fidélité" je n'exige pas de mes compagnes d'être le seul. Je n'ai pas la prétention de pouvoir tout faire pour une femme, pour un temps oui, mais pas pour la vie. Je n'aime pas la drague mais quand les occasions se présentent de vivre un amour, je ne la rate pas.

La Marsouine a dit...

Cher Moukmouk,

vous n'êtes pas le premier que je rencontre à avoir ce genre de discours et bien que je le comprenne et y adhère en partie, je ne l'ai entendu jusqu'à maintenant que de la part d'hommes. Je crois donc que la monogamie est plus facile pour les femmes que pour les hommes (plusieurs études l'ont d'ailleurs démontré, je vous en reparlerai un jour).

Je crois que certaines femmes réclament la fidélité absolu de par leur propre insécurité face à leur capacité de susciter l'amour d'un homme. Je crois que le fait de se sentir enchaîné dans une relation, sans marge de manoeuvre, rend les hommes beaucoup plus susceptibles d'aller voir ailleurs.

Je crois que lorsqu'on a investi dans une relation, quand on a une famille, l'infidélité ne doit pas être suivi de la peine capitale pour le couple. Je crois aussi que le dialogue est la clé. Très tôt dans notre relation, j'ai prévenu l'Élu: «Je suis partisane de la monogamie. La monogamie, pour moi, n'empêche pas le flirt et la séduction. Et si un jour, l'un de nous sens le besoin d'aller ailleurs, je ne réclame une chose: que l'on en discute.»

L'amour va plus loin que le corps et plus loin que l'exclusivité. Toutefois, je considère l'infidélité répétitive ou la monogamie en série comme une fuite. Je crois qu'un relation de couple nous amène à nous remettre en question nous-mêmes et nos faiblesses et le fait de la fuire constitue une fuite de nous-mêmes.

Cela dit, je n'ai aucune autorité en la matière, je ne suis qu'une Marsouine :)

Anonyme a dit...

oh! allllo :) c'est super drole. surtout que j'ai pensé à ton blog en pensant à ma rue...

Ai-je un peu inspiré ton post?
C'est parce que j'ai justement l'impression d'être EN TRAIN de ne pas vivre une histoire. Ça fait réfléchir...

La Marsouine a dit...

Désolée ma chérie! Je dois malheureusement nier ton histoire comme source de mon inspiration puisque, selon ce que j'en sais, ton histoire ne se classe pas ENCORE dans la catégorie de celles qui ne se sont pas passées :) J'ai encore beaucoup d'espoir pour toi ma belle!

A.B. a dit...

Parfois, mais très rarement, je me demande ce que serait ma vie si j'avais été acceptée en chiropractie, mon premier choix de carrière. Avec le recul, je sais parfaitement que ce métier n'est vraiment pas fait pour moi, mais c'est rigolo d'y penser.
Je me demande aussi ce que je serait devenue si, au lieu d'aller vivre «en ville», j'étais restée dans ma Gaspésie natale. J'adore vivre en ville, donc je ne me questionne pas très longtemps ;-)

Moukmouk a dit...

As-tu remarqué, il y a pas d'homme qui te lise, des ours des lapins mais pas d'homme.

La Marsouine a dit...

effectivement! ours, lapin, justicier masqué! Mais moi non plus, je ne suis pas une femme, je suis une Marsouine! La vie est bien faite :)

BÉMOL a dit...

Il y a quelques années, j'ai finalement rencontré mon correspondant Internet, A. Ça faisait 5 ans qu'on se jasait, en flirtant sur le Net, sans plus. Nous étions bons amis, confidents lorsque nécessaires et Il me semblait qu'on se cotoieraient toujours.

Puis, un soir de décembre, je suis allée le voir dans le patelin ou il étudiait. Il était pareil a l'image que je me faisais de lui (j'avais vu des photos, hey!). Il était vraiment charmant, mais me rappelant les avertissement d'amis, j'étais quand même méfiante.

Nous avons allègrement jasé pendant des heures, devant un bon pichet de sangria. Puis, doucement, il m'a embrassée. Il m'a dit que j'étais fantastique, qu'il attendait de me voir avant de me le dire, mais qu'il pensait bien que j'étais la fille pour lui.

J'ai passé deux jours la-bas ou il continuait de m'embrasser et de me faire la cour. Puis, je suis rentrée. Il me promettait de m'écrire, de m'appeler, de venir me voir. J'ai attendu... et je n'en ai plus jamais entendu parler.

Mes amis disent que c'était un croche, que je me suis fait avoir. Mais il n'y a pas eu de sexe! Franchement, je l'ai jamais su. J'ai émis plein d'hypotheses, mais je pense que je saurai jamais.

Je vis avec un homme formidable maintenant et je suis furieusement heureuse avec lui. Je ne regrette pas du tout qu'il se soit rien passé avec A., parce que c'est cette presque-relation qui m'a donnée les lecons pour que ca marche avec mon Amoureux.

Il y a des jours, pourtant, ou je me demande encore quel est le fin mot de l'histoire...

La Marsouine a dit...

Une amie m'a raconté, hier soir, une histoire qui a connu relativement le même dénouement. M'énerve les hommes qui n'ont pas le courage de s'assumer. Si il dit qu'il va appeler, qu'il appelle. Sinon, rien ne l'oblige à faire ce genre de promesses. Faut pas gâcher les bons moments en laissant entrevoir une suite quand on n'en a pas vraiment l'intention, la plupart du temps, ils le font pour se donner bonne conscience. Un jour, ils comprendront peut-être...