La honte du blogueur. C’est un peu la nouvelle mode. Pas seulement au niveau de la critique musicale. Je la trouve très drôle parce que je travaille dans une salle de rédaction d’un quotidien qui se veut grand et qui l’est pas mal. Récemment, j’expédiais un lien vers mon humble bout de blogosphère à une copine, journaliste, pour lui montrer une photo drôle. Celle-ci s’empressa partager la photo et, de ce fait, informa autrui que je me commettais sur le web. Et voici où je veux en venir avec cette histoire. Un journaliste avec qui je travaille de me dire: «ah oui? j’irai voir. J’espère que ce n’est pas l’un de ces blogues où n’importe qui donne son opinion sur n’importe quoi, c’est tellement ridicule!». Suscitant chez moi un bizarre sentiment de honte d’avoir osé anecdotiser (je sais, je sais) mon quotidien sur le web.
Le discours condescendant du journaliste vers le blogueur n’est pas que l’apanage du critique artistique. On le retrouve dans l’ensemble de la communauté journalistique. Et pourtant, ne serait-ce que la présente course à l’investiture démocrate qui se déroule aux U.S. of A nous démontre à quel point ces nouveaux médiums (blogues, YouTube, etc.) peuvent avoir un impact immense sur l’actualité et la nouvelle. Que le blogue soit une voie de donner une voix (héhé!) à monsieur-madame Tout-le-monde, un lien de contact avec des amis, un carnet de voyage ou encore un cahier d’essais de création, que ce soit, pour certains, un travail rémunéré (journalistes blogueurs) ou une activité prise très au sérieux par des «amateurs» (comprendre ici non-rémunérés), c’est un outils incroyable de démocratisation de la sphère publique, comparable dans un sens à l’invention de l’imprimerie. L’imprimerie a permis à tous d’avoir accès à l’information, le web permet à tous de la commenter et y contribuer.
Peut-être en fait que l’élite qui, jusqu’ici, avait le monopole de l’opinion et l’information, a seulement peur de perdre ce monopole de la parole au profit d’une masse moins organisée mais ô combien plus réelle.
3 commentaires:
Ce débat coule sur moi comme de l'eau sur le dos d'une canard. J'aime bloguer. C'est tout. Personne n'a à juger de cette passion.
Je me rends compte que je devrais préciser que le post de Simon Jodoin qui m'a amené cette réflexion parlait en fait du métier de critique et de ceux qui s'imposent comme autorités en la matières vs tous les autres (blogueurs compris). J'ai détourné une partie du débat sur le blogue mais ce n'était pas directement le sujet initial.
Allons les journalistes sont les serviteurs d'un ordre établi qui est en train d'exploser. Quand on est payé par Desmarais ou Péladeau, notre mandat est de remplir de conneries le trou autour des pubs... et surtout rien d'intelligent ça risquerait d'entrer en contradiction avec la pub.
Il n'y a plus d'informations parce que ça risquerait de faire fonctionner la démocratie. Ce qui est important de dire a) les politiciens sont des vendus, comme ça les grandes entreprises ne se voient pas menacer par l'état. b) vive le sport à la télé. c) les services publics c'est de la merde, il faut privatiser tout cela.
Chaque fois qu'un journaliste te crachera dessus, n'oublie pas qu'il est payé par un exploiteur pour le faire.
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