vendredi 2 novembre 2007

La fatalité a bon dos

Eh oui ! Un deuxième post du vendredi, triste celui-ci. Je viens de lire les textes de Patrick Lagacé et de Christiane Desjardins, à propos de la petite fille de L'Île-Perrot... J'ai été frappée par un truc, dans la conversation que Lagacé rapporte, avec la blonde d'un des accusés. Comme quoi c'est un bon gars normalement, comme quoi il n'est pas le seul à commettre des imprudences au volant. Comme quoi il s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. La fatalité, que voulez-vous.

NON! Non, non et non! Bravo pour la déresponsabilisation! «Tout le monde le fait, c'est pas vraiment grave, c'est un accident». FUCK! Il y a des règles et ces règles existent pour notre sécurité. Moi aussi j'ai déjà déconné. Du 220 km/h dans une zone de 50. Ça a duré deux semaines ma folie du volant. J'étais stupide, c'était inexcusable et c'est une chance que je n'aie blessé ou tué personne. J'avais 16 ans. Entre 14 et 17 ans, j'ai passé proche d'une mono, j'ai pris de la drogue dure, j'ai eu des relations sexuelles non protégées et j'ai fait du vol à l'étalage. Et j'étais relativement censée comme adolescente!!!! Ce qui m'a forcé à grandir? À cause de mon éloignement régional, j'ai dû partir en appart à 16 ans. Après deux ans à vivre seul et à assumer graduellement de plus en plus de responsabilités, t'as pas le choix, faut que tu te prennes en main.

J'en ai marre de cette culture de l'inévitable, de la fatalité. J'ai perdu deux amis dans des accidents de voiture. Des accidents ou la vitesse n'était pas en cause... enfin presque. Parce que, dans les deux cas, ils roulaient, non pas à la vitesse permise, mais à la vitesse tolérée, soit 70 km/h dans une zone de 50 pour les premiers et 120 km/h dans une zone de 90 pour les seconds. Une bagatelle? Pas nécessairement. Pour le premier cas, c'était l'hiver, une place de glace, un léger dérapage dans l'autre voie et BOUM! le côté passager a été percuté par un VUS, qui allait lui aussi à ~70 km/h. Yannick est mort sur le coup, Mathieu a été sauvé par son manteau de cuir, avec 4 membres fracturés et un poumon perforé, plusieurs jours aux soins intensifs. Dans le deuxième cas, deux chums de gars, dont un avec qui j'allais à l'école depuis 3 ans, originaires de la même région. Ils retournaient là-bas d'ailleurs, pour le week-end. À la même vitesse que moi quand je sais que je suis serrée pour le traversier. Un peu avant une station-service, sur la 138, il y avait une voiture devant eux. Qui venait seulement de s'engager sur la route. Qui n'accélérait pas. Arrivé trop rapidement derrière, le conducteur a eu le réflexe de la contourner par la gauche. Collision frontale avec un véhicule en sens inverse. Un mort, Jérôme, mon ami, qui venait de tomber amoureux au début de l'été. Passager. À l'instant même de sa mort, je jasais avec une connaissance commune à qui j'étais entrain de dire que j'allais téléphoner à Jérôme la semaine suivante pour avoir de ses nouvelles.

Des accidents bêtes, mais qui, avec des conducteurs plus expérimentés et plus prudents, auraient été évités. Nous avons une sérieuse réflexion à effectuer en tant que société. Un jour, peut-être, avec l'évolution du système GPS, les voitures pourront elles-mêmes réguler la vitesse en fonction de la zone. Mais, ce serait encore, se déresponsabiliser. Et pour paraphraser Pierre Légaré, dans un texte sur cette même déresponsabilisation: un conducteur inexpérimenté, au volant d'un autobus en mauvais état, se crashe dans une pente, entraînant des dizaines de personnes dans la mort. Qu'est-ce qu'on dit? C'est la faute de la côte! Investissons des millions pour la rendre moins dangereuse au lieu de s'attaquer au vrai problème!

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