mercredi 28 novembre 2007

Trip à trois

Maintenant que j'ai votre attention :) Mais non, mon titre a réellement un lien avec ce que je m'apprête à vous rencontrer.

Certains m'affubleront de l'épithète «redondante», mais je tiens à vous raconter ce que l'Élu et moi sommes allés faire à Montréal, dans Hochelaga, vendredi dernier. Montréal n'est pas seulement une ville qui pue, c'est aussi une ville où la culture québécoise, malheureusement, prolifère. Surfant sur les raz-de-marée internetiens, l'Élu a appris que vendredi dernier, notre cher Dany Placard (voir commandoditif précédent) et son comparse Carl-Éric Hudon, qui, ensemble, ont formé le duo Hudon-Placard, donnaient une soirée à la Maison de la Culture Hochelaga-Maisonneuve. En effet, pour 5$, nous pouvions assister au dernier spectacle officiel d'Hudon-Placard, avec, en prime, une première partie assurée en solo par les dit Hudon et Placard successivement. Un trois pour un, qui était écrit sur les billets. Sautant sur l'occasion de profiter d'une soirée de jouissance auditive, l'Élu et moi n'avons fait ni une ni deux et avons enfourché notre véhicule, direction 40 Ouest.

La salle était très intéressante. Intime, style cabaret, épurée. Rien à redire sur la sono, ni exceptionnelle ni mauvaise. Carl-Éric Hudon a commencé la première partie (ils avaient «droit» à 5 chansons chacun) avec la chanson Sans titre que nous adorons. Hudon a une voix qui donne l'impression de se prêter mieux aux chuchotements et à la douceur. Pourtant, quand il entonne Corrigan (je m'interroge sur le titre. Sur mon îlot, c'est un poisson...) et pousse sa voix, dans un cri rauque et douloureux qui pourtant nous fait vibrer. Peu bavard, il fait tout de même l'effort de nous entretenir un peu, en soulignant son malaise avec la chose et combien il est commode pour lui de s'étendre sur la dite chose! Fait à souligner, la soeur d'Hudon et moi partageons le même prénom et, chose encore plus mémorable, il lui a écrit une chanson, me donnant des frissons quand j'entends mon nom. Je vais devoir arrêter de me plaindre qu'il ne se prête pas à la poésie!

Placard enchaîne en solo après le départ d'Hudon, nous annonçant tout de suite son oubli de préparer un set list. Comme Hudon avant lui, il réclama de l'éclairagiste qu'il allume les lumières de la salle, pour mieux voir le public. L'ordre des chansons est donc improvisé et il amorce, à mon plus grand bonheur, avec une version de Rose Murder un peu plus smooth. Étonnament silencieux, Placard interprète ses cinq chansons d'une voix douce, gardant le coffre qui est le sien pour les poussées vocales réclamées par l'apogée des pièces. N'oubliant personne, nous avons aussi eu droit à Relaxe de Plywood 3/4.

Une petite pause pour nous mettre en appétit et Hudon-Placard apparaît sur scène, accompagné d'un guitariste et d'un batteur, dont j'ai oublié les noms (mea culpa). Guitariste talentueux ressemblant étrangement à Éric Goulet (Monsieur Mono), qui manipule son instrument de façons très peu conventionnelle, faisant geindre et de plaindre sa guitare avec un tube en métal et maniant le banjo plus vitre que son ombre. Avant la première note, je suis enthousiaste, le quatuor s'annonçant prometteur et différent de ce qu'Hudon-Placard avaient présentés seuls à l'International de Folk. Les chansons ressemblaient beaucoup à ce que l'on peut entendre sur l'album, entremêlés de quelques pièces tirés des albums solo de nos deux têtes d'affiches. Encore une fois, Placard est silencieux, ce dont même Hudon s'étonne, la charge de l'animation reposant sur ses épaules. Rien de désagréable, toutefois, les interludes interminables et comiques de Placard m'ont manqué. J'espérais le tour de leur chanson en duo, Dis-moi donc. À Québec, cet été, pendant le dernier refrain, Placard s'était livré à des vocalises d'une puissance enivrante. Je dois encore souligner l'intensité de sa voix quand il se laisse aller de tout son coffre à clamer sa prose. J'en vibre de tout mon être.

La soirée s'est terminée par un rappel, d'un public hésitant, ne sachant trop s'il devait le réclamer. Comme au Petit Champlain, Placard entraîna ses accolytes à la première rangée, inoccupée, pour nous régaler d'une chason dont j'oublie le nom. Hudon a clôt la soirée par sa version personnelle de C'est zéro, de Julie Masse, que l'Élu m'a chantonné dans les oreilles (ignorant les paroles) et ce pendant les deux jours suivants. Maudit sois-tu Carl-Éric Hudon! :)

Soirée agréable teintée de lourdeur, dont je ne sais si elle était imputable à la voix lancinante de Carl-Éric Hudon, au malaise indéfinissable et silencieux de Dany Placard ou à la nostalgie qui imprègne un spectacle annoncé comme le dernier d'un duo d'artistes, tellement opposés dans le style et le son qu'on aurait pu les croire incompatibles, et qui, pourtant, ont créé une saveur unique et un son saisissant. À eux deux, merci d'avoir osé!

5 commentaires:

Jean-Philippe Murray a dit...

Moi j'ai arrêté de lire quand tu as avoué que tu ne parlais pas de « vrai » trip à trois. Kin toé ;) hehe...

La Marsouine a dit...

Pour avoir déjà partagé la vie d'une lapine, j'ai appris que les lapins sont des animaux avec une tête et un caractère de cochon (en fait, on devrait dire une tête de lapin!). Dire que j'avais placé tous mes espoirs en vous pour rehausser votre race dans mon estime!!!

Les lapins sont donc paresseux par dessus tout ça! :P

Jean-Philippe Murray a dit...

Aoué :)

Hortensia a dit...

J'aime beaucoup Hudon, et Placard, et le duo assez singulier qu'ils forment tous les deux. Puis, j'ai beaucoup écouté leurs albums dans la dernière année. Je n'avais pas vu l'annonce de ce spectacle, car je crois que je me serais pointée. Je ne les ai vus que sur des scènes extérieures jusqu'à maintenant. J'aurais bien aimé les voir en salle, dans un contexte plus intime. J'avoue que j'aurais bien voulu entendre ça, ces deux lurons qui chantent "C'est zéro". ;-)

Anonyme a dit...

Tu t'interroges sur le titre de la chanson Corrigan. Je n'ai pas la pochette avec moi, mais je crois que le titre vient d'un livre qu'il a lu....