jeudi 1 novembre 2007

Miroir, miroir, dis-moi qui est le plusse bon!

Aujourd'hui, sur Cyberpresse, je suis tombée sur l'article suivant. Or, je me suis sentie interpellée par le passage suivant «on aurait peut-être pu se passer des Weakerthans (75e), de Ian Tyson (96e) ou Willie P. Bennett (95e). Surtout si leur présence se fait au détriment des artistes francophones du Québec». N'écoutant que mon courage, j'ai écris le message suivant à l'auteur de l'article:

Bonjour M. *********,

je viens de lire votre article sur le top 100 et, bien que je sois entièrement d'accord avec vous sur l'incroyable aberration qu'est la quasi-absence des artistes francophones, je vous demanderais ceci: de quel droit choisissez-vous les artistes qui devraient être exemptés de la liste au profit des artistes francophones? Par exemple, votre exemple des Weakerthans démontre que vous n'avez pas la moindre idée de quoi il s'agit, ce groupe tenant un discours engagé, ayant fait des chansons en français, et étant, à mon sens, un des meilleurs groupes de la scène anglo-canadienne. Je crois que vous errez en désignant qui devrait être ôté et au profit de qui. Effectivement, l'absence d'artistes francophones est extrêmement regrettable. Toutefois, si vous préfèreriez en ôter les groupes/artistes de la scène émergente ou alternative du canada anglais pour les remplacer par des artistes québécois de la scène pop, formatés au format StarAcadémie et à la sauce commerciale qui innonde actuellement les radios mainstream du Québec, je préfère de loin l'absence d'artiste francophones qu'une intégration de la scène musicale francophones par ses pires représentants. Au lieu de vous insurger du fait que les anglophones négligent la scène francophone, vous feriez mieux de consacrer votre énergie à dénoncer le fait que la scène francophone ignore elle-même ses éléments les plus novateurs au profit des mieux financés et publicisés.

La Marsouine


Bien entendu, j'ai signé de mon vrai nom. Si l'on a pas le courage de ses opinions, autant aller se planquer la tête dans le fumier! Je n'espérais pas de réponse ni de réaction. J'ai pourtant eu droit à ceci:

Vous avez raison sur ce point.

Merci de l'info.

Wow! Je dois avouer que je n'en demandais pas tant. Je suis toutefois contente qu'il ait pris le temps de considérer mon commentaire, malgré le ton légèrement vindicatif de celui-ci. Petite histoire, je l'admets, mais qui m'amène à me poser deux questions :

1- D'où vient cette manie d'établir des palmarès à propos de tout et de rien?

2- Comment expliquer l'incroyable conformisme de la scène musicale québécoise?

Pour la première, mon hypothèse est simple : dans une société de performance comme la nôtre, nous en sommes au point où nous voulons établir un rappot de supériorité dans toutes les sphères afin de pouvoir nous réclamer du meilleur. Ridicule!

Pour la seconde, ma position est moins tranchée. En effet, mon hypothèse relève de la fameuse question concernant l'oeuf et la poule. Je ne peux m'empêcher de faire deux constats: 1- la plupart des artistes qui sont les plus publicisés sont insipides et 2- la majorité du public ne fait aucun effort et ne consomme que ce à quoi il est exposé sur les réseaux commerciaux.

Mais si les deux faits sont interdépendants, quelle est la cause et quelle est la conséquence ? La logique semble nous amener à conclure que c'est parce que le public est «paresseux» que les réseaux commerciaux ne font plus d'efforts pour dénicher le talent et la substance. Toutefois, je ne crois pas que ce soit aussi simple. En effet, certains pourraient facilement défendre l'idée que c'est la machine commerciale qui a «tchoké» en cours de route et que le public en est venu à ne plus faire d'effort et avaler ce qui lui est présenté.

C'est probablement un peu des deux. Je trouve toutefois dommage de constater à quel point l'art est devenu subordonné à l'argent. Ne parle-t-on pas d'un industrie de la musique? du cinéma? du théâtre? etc. Bref, le résultat est le même : il y a maintenant deux scènes musicales, au Québec ou ailleurs: la scène commerciale et la scène alternative. Je ne résoudrai pas cette question aujourd'hui, c'est certain. Mais, tant qu'à régler le sort du monde, autant aller le faire autour de bières de la Barberie!

4 commentaires:

A.B. a dit...

«1- D'où vient cette manie d'établir des palmarès à propos de tout et de rien?»
Nous sommes dans une société où tout soit être vite consommé. Les nombreux listes et palmarès qui nous envahissent servent à M. et Mme Pressé de se procurer en moins de deux les derniers albums à la mode à posséder absolument dans sa discographie, par exemple. Au lieu de se forger eux-mêmes leurs goûts musicaux - chose qu'ils n'ont pas le temps de faire - ils profitent des listes toutes faites mises à leur disposition. Simple, non? ;o)

La Marsouine a dit...

@safwan: bravo pour l'hypothèse! La paresse intellectuelle est le mal de notre siècle. Je pense que c'est la seule chose qui me fait vraiment sortir de mes gonds. Déjà très jeune, je proclamais haut et fort que quiconque affirmait quelque chose devait être en mesure de le justifier, i.e. savoir ce qui motive nos choix et nos préférences au lieu de se borner à suivre la masse. Rien de tel que nager à contre-courant hein?

A.B. a dit...

C'est épuisant, nager à contre-courant; plusieurs finissent par suivre le banc de poisson parce que c'est moins fatigant. M. Safwan, lui, est un éternel «contre-couranteux». Il ne fait rien comme tout le monde. Ça lui occasionne parfois des problèmes, évidemment! Moi, je suis fidèle à moi-même. Quand ça implique d'écouter Loft Story, je m'assume et quand c'est le temps d'utiliser un mot de plus de trois syllabes dans une conversation (ça l'air que c'est supposément prétentieux, entre autres dans une salle d'enseignants), je m'assume aussi!

La Marsouine a dit...

@Safwan: TELLEMENT! Je suis tannée de m'excuse d'avoir un vocabulaire développé. Je n'ai d'exemple spécifique en tête mais ça m'arrive régulièrement. Je déteste l'impression que donnera ce qui suit mais je me jette à l'eau : ce genre de chose ne m'arrive toutefois jamais quand je suis avec mes amis de l'Université. C'est vraiment dommage, c'est peut-être parce qu'en histoire, on exige de nous (exigeait plutôt, snif snif, j'ai fini l'école!) un français châtié et irréprochable.

Sinon, pour ma part, c'est parfois un problème, ma manie de nager à contre courant. Il m'est arrivé très souvent de ne même pas vouloir connaître quelque chose simplement parce que trop de gens me le suggérait. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai mis autant de temps à me décider à écouter Arcade Fire!