jeudi 11 octobre 2007

Après la tombée du rideau

Aujourd'hui c'est officiel, je ne suis plus une étudiante de l'Université Laval. Pour le moment, les choses sont planifiées pour un retour après les fêtes. En réalité, je ne suis pas en mesure de prendre ce genre de décision pour le moment. Toutefois, depuis hier, une chose a changé. De plus en plus de gens sont maintenant au courant de ma décision. J'ai eu peu de commentaires négatifs (mais j'en ai eu), beaucoup de témoignages de soutien. Et c'est de cela dont je veux parler aujourd'hui.

Depuis quelques semaines déjà, une publicité nous interpelle une fois de temps en temps. La première fois, elle m'a frappée de plein de fouet. La deuxième fois, c'était hier soir, et je l'ai comprise différemment. Je ne l'ai pas trouvé sur internet donc je vous la résume.

Un homme arrive au comptoir d'un fleuriste et demande à la préposée : «Croyez-vous que ça ira? On a un collègue au bureau qui fait une dépression». La collègue acquiesce avec un sourire compatissant et demande si elle inscrit quelque chose sur la carte. L'homme répond : «Oui, [je ne me souviens plus du nom du gars], t'es un maudit lâche, belle excuse pour prendre des vacances. La gang du bureau». Fin de la pub.

Je ne suis pas en dépression, je vous rassure tout de suite. Je l'ai toutefois déjà été, très tôt dans ma vie. Et c'est pour éviter de retourner dans cet état que j'ai pris ma décision hier. Mais, pour beaucoup de gens et même pour une petite voix dans ma tête, le fait de s'arrêter pour surmenage, épuisement, burn out ou dépression, c'est vu comme de la lâcheté, de l'abandon, de la faiblesse. C'est difficile de se battre contre cette idée. C'est difficile de faire face aux préjugés d'autrui. Mais ce l'est encore plus de faire face à nos propres préjugés. L'impression (même que c'est prouvé que c'est encore pire pour les hommes car ils sont moins encouragés que les femmes à verbaliser leurs sentiments) que la fatigue et le découragement, que les symptômes que l'on ressent, sont en fait le reflet de notre propre paresse.

Je n'aime pas l'actuel gouvernement du Québec. Mais, parfois, j'aime bien Couillard. Et il a raison d'avoir mis en marche cette campagne pour sensibiliser les gens au fait que la dépression est une maladie mentale, pas imaginaire.

2 commentaires:

Amor Niamor a dit...

Ton intelligence et ta grande humanité me touchent beaucoup. Les coulisses de ta décision ne font que les mettre encore plus en lumière.

Tu me prouves chaque jour davantage, grâce à tes billets, que tu es une belle personne (et je n'ose pas dire cela à beaucoup de gens).

C'est drôle, moi aussi j'ai été marquée par cette publicité sur la dépression. À mon avis, la véritable faiblesse se trouve davantage chez ceux qui sont incapables de faire preuve de paresse. Je te conseille d'écouter, si ce n'est déjà fait, le film "Alexandre le bienheureux" (avec Philippe Noiret). Je crois qu'il y a également un certain nombre d'écrivains qui se sont penchés sur la question.

Anonyme a dit...

"À mon avis, la véritable faiblesse se trouve davantage chez ceux qui sont incapables de faire preuve de paresse."

Wow. Que dire de plus...

Prends soin de toi, Marsouine, c'est important.