mercredi 17 octobre 2007

La phrase qui tue

«Bonsoir, je m'appelle La Marsouine et je suis malade mentale»

Suis allé voir le docteur aujourd'hui, dans une clinique sans rendez-vous qui accueille mes urgences depuis quelques années. Le rendez-vous le plus proche que j'ai pu avoir avec ma doc de famille étant fin novembre, elle m'a recommandé d'aller là pour avoir une lettre pour l'Université. Au départ, mon objectif était simplement d'avoir tous les papiers nécessaires pour me faire rembourser mes frais de scolarité.

Je suis arrivée dans le bureau, après une ptite heure d'attente, pas si mal. Nerveuse à l'os, sans savoir quoi dire, comment l'expliquer. Surtout parce que je n'ai pas encore réussi, à mes yeux, à justifier mon arrêt d'études. Elle, elle savait comment ça marche. Elle me pose une multitude de questions, auxquelles je réponds en disant soit : «non, ce n'est pas et n'a jamais été mon cas» ou «effectivement, c'est fréquent chez moi, ça m'est déjà arrivé, etc.». Elle m'ausculte, prend en compte mes antécédents.

Et c'est là que le verdict tombe: «Mademoiselle, vous souffrez d'un trouble de l'anxiété et fort probablement d'un léger trouble bipolaire». BOUM! Le pire, c'est que ça ne me surprend pas. La prescription de pilules, elle, elle m'a surprise. La docteure m'explique que c'est probablement génétique, puisque j'en ai manifesté les symptômes très jeune. Elle me prescrit des examens, me donne une note pour l'université et pour mon médecin et me souhaite une bonne journée. La salle d'attente était pleine, mon cas n'était pas urgent, je comprends parfaitement.

Je suis donc sonnée depuis ce midi. Encore plus depuis que j'ai parlé à ma mère et à l'Élu. À ma grande surprise, à l'annonce du diagnostic, ils n'ont pas été surpris, eux. Qui me disent qu'ils s'en doutaient pas mal. Qui me disent que ce n'est rien de grave, que je suis juste un peu plus fragile, que je dois faire attention à moi.

.....

Alors pourquoi, malgré toutes les belles campagnes de sensibilisation, pourquoi moi je me sens aussi mal? Pourquoi j'ai honte d'apprendre que je souffre d'une maladie mentale? Parce que les préjugés, ça a la vie dure. Mes préjugés, cependant, n'existent qu'envers moi-même. N'importe qui d'autre viendrait m'annoncer qu'il est bipolaire et c'est moi qui aurait le discours rassurant. Mais quand c'est moi, ma tête shifte... Finalement, la pente va peut-être s'avérer plus à pic que je pensais...

10 commentaires:

Amor Niamor a dit...

Je ne suis pas sûre de trouver ça très humain comme procédure. C'est très rapide (pour les médicaments) et ça te laisse bien seule face à ce "diagnostic". Les troubles anxieux sont difficilement classables de façon aussi définie, et la vitesse à laquelle tu as été mise dans le tiroir "bipolaire" me sidère.

Par ailleurs, les troubles anxieux sont très fréquents aujourd'hui (dixit ma psy à l'université), et j'en souffre moi-même. C'est complètement aberrant qu'on en entende si peu parler. Mais je m'arrête ici, on aura l'occasion d'en discuter samedi. :)

¤Enidan¤ a dit...

Il me semble que ce sont les psychologues et autres spécialistes qui peuvent donner un diagnostique aussi précis... non ??

Mais c'est tout de même normal de feeler comme ça... on peut plus facilement être "empathique" quand nous ne sommes pas touchés directement... on peut consoler, aider, appuyer, soutenir... mais quand on est touchés directement, on se sent "mal" directement... Tu es dans la phase du "pourquoi ça m'arrive à MOI !"...

Bon courage !!

Anonyme a dit...

Si ça peut te rassurer, tous les grands créatifs souffrent plutôt plus que moins de bi-polarité.

Ça n'empêche pas le fait que tu fasses attention à toi... Fragile, c'est pas plus mal quand c'est bien entretenu...

Chroniques B.

La Marsouine a dit...

Wow! Avec de tels lecteurs, qui a besoin d'anti-dépresseurs! héhé

Pour ce qui est des médicaments, j'en suis pas une grande fan donc je ne sais pas encore si je vais les prendre. Le trouble anxieux ne fait pas de doute chez moi mais, pour rendre à césar ce qui est à césar, je dois préciser que la doc a parlé de soupçon de trouble bi-polaire léger. Bref, c'est la psy qui va m'aider à gérer tout ça, l'idée c'est qu'un des médicaments qu'elle m'a prescrit n'est pas super pour les bi-polaires d'où la mise en garde.

J'accuse le coup et en attendant, je fais du bouilli pour souper!

Le professeur masqué a dit...

Effectivement, je seconde ton lectorat éclairé. Le verdict du médecin ne peut être aussi catégorique. D'autres tests et entretiens seront nécessaires.

Quant à moi, je trouve que l'utilisation des termes «malade mentale» ne s'applique pas ici. Évite les médicaments si tu en es capable. Quant à moi, ils sont nécessaires quand on touche le fond seulement ou quand on a des difficultés majeures à fonctionner.

A.B. a dit...

Je penche du côté des autres blogueurs. J'irais chercher un deuxième avis, si ce n'est un troisième. Verdict pas mal rapide, je trouve, et pas le verdict le plus banal, en plus. Québec sous ordonnance, hein?
Anonyme affirme que tous les créatifs souffrent de bipolarité. C'est étrange, car M. Safwan me parlait justement de la bipolarité de plusieurs poètes célèbres, aujourd'hui.
Bref, assure-toi de la véritable cause de ton malaise présent; j'ai de la difficulté à croire que quelques minutes avec une inconnue suffisent à affirmer «la phrase qui tue».

Nada sur le net! a dit...

NE PRENDS AUCUNES PILLULES! C'est un cercle fatale.... VIE, fait l'amour avec l'élu, sort dehors et CRIE, bois de l'alcool, va dans un musé, fais n'importe quoi mais bouge!
NE PRENDS AUCUNES PILLULES!

Anonyme a dit...

Mmmm... Je n'aime pas le "NE PRENDS AUCUNES PILLULES!" de Nada... Ayant fréquenté un bipolaire assez longtemps pour le voir sombrer quelques fois PARCE QU'il ne prenait pas ses pillules, je peux dire que les médicaments ne sont pas toujours inutiles! On ne soigne pas une maladie mentale qu'avec la pensée positive: ce serait nier la maladie...

Par contre, je suis vraiment d'accord avec les autres pour dire que c'est TRÈS rapide comme diagnostique, et ce n'est pas en 15 minutes dans une clinique sans rendez-vous qu'on peut assurer que quelqu'un est bipolaire !!! Avant de gober n'importe quoi, va demander une seconde, ou même une tierce opinion!

Et je suis surtout convaincue que le fait de ralentir ton rythme de vie, de prendre un break de l'université et d'arrêter d'angoisser sur ton choix de carrière pour un temps te fera le plus grand bien!!

Nada sur le net! a dit...

Mon commentaire est uniquement basé sur ce que j'ai vu autour de moi... Des gens (proches) transformés en genre de zombie! Et sur cette base, je reste campé sur ma position... Je crois qu'un travail sur soi-même, en toute lucidité, doit primé sur toute médication qui "modifie" la condition chimique du fonctionnement cérébral...
ceci étant dis, je n'ai pas la science infuse!
En attendant:
http://www.jeuxnet.com/jeux-gratuits-23.html

Anonyme a dit...

Je comprends ta position Nada, moi aussi je suis plutôt contre la médication à tout vent. T'as les blues? Tiens, des anti-dépresseurs... T'as un peu mal au dos ? Voilà des anti-inflammatoires...

Par contre, tous les médicaments ne sont pas néfastes. Et certaines maladies sont bien réelles et la médication n'est pas à prendre à la légère. De dire à quelqu'un qui souffre réellement d'une dépression clinique qu'il ne doit pas prendre sa médication, c'est aussi grave, à mon avis, que la fameuse publicité du gars qui achète des fleurs pour un collègue dépressif (Marsouine en a parlé il y a quelques jours). Je pense que ça risque seulement de culpabiliser la personne (qui souffre réellement), c'est lui dire qu'au fond c'est pas vraiment une maladie, puisque c'est dans la tête que ça se passe. Alors que la médication pourra rebalancer la chimie qui est déficiente dans son cerveau, ce qui cause ses symptômes.

Ceci dit, je répète, je suis d'accord avec ton point : souvent les médications sont données à tort et à travers. Les médecins n'ont plus le temps de connaître leur patients pour faire un diagnostique sûr, et se rabattent sur la facilité. D'où l'importance de ne pas se dépêcher à gober n'importe quoi en pensant qu'on ira mieux. Et souvent ces pilules rendent TRÈS dépendants, et il est difficile d'arrêter la médication. C'est important d'aller chercher d'autres avis.

Bref, je suis d'accord qu'on soigne une déprime en bougeant, en faisant plein d'activités avec des gens qu'on aime comme tu le disais dans ton premier commentaire, mais pour une dépression clinique, ou une maniaco-dépression, c'est complètement une autre histoire. On ne guérit pas non plus le cancer avec un peu d'exercice.