mercredi 31 octobre 2007

À la recherche d'un déguisement...

Je viens de réaliser que c'est l'Halloween aujourd'hui. J'ai adoré l'Halloween jusqu'à il y a deux ans. J'étais alors à Paris et tout le monde se fichait du 31 octobre comme d'une guigne. Étrangement, j'ai été contaminée et, maintenant, ça ne me fait plus ni chaud, ni froid. Il y a une autre chose dont je me fiche comme de l'an quarante actuellement : la Commission Bouchard-Taylor. Je trouve l'exercice particulièrement inutile. J'ai lu quelques petits papiers à ce sujet jusqu'à maintenant et j'en tire les conclusions suivantes:

1- Les audiences publiques sont un prétexte qui permet à l'élite bien-pensante de se gargariser de leur grandeur et de continuer à proclamer qu'il faut faire taire le petit peuple qui dit des insanités pour laisser les sages éduqués s'exprimer

2- Elle encourage les rivalités régionalistes et fait émerger un discours d'intolérance envers les différentes région du Québec (la commission n'est pas encore passé à Montréal. Oh que j'espère pour ceux qui bitchent que les épais de la grande île ne sortiront pas de leur trou eux-aussi) qui, à mon sens, est aussi répréhensible que l'intolérance culturelle ou religieuse manifestés par certains INDIVIDUS lors des audiences publiques

3- Les gens qui s'y expriment sont souvent ceux qui sont perpétuellement à la recherche d'une tribune et leur discours ne sont certainement pas représentatifs de leurs congénères, peu importe leur provenance.

Je suis saoulée, épuisée et mal à l'aise face à tout ce débat, que je juge stérile et complètement inutile. J'en discutais, récemment, avec un journaliste éditorial d'un quotidien dont je tairai le nom. Je paraphrase ses dires : Peu importe de quelle façon on retourne la question des accomodements raisonnables et de l'intégration des immigrants, peu importe qu'on utilise le terme identité ou citoyenneté, le problème à la base de tout cela reste la question nationale.

Et il a raison! Tout le débat actuel est centré autour du fait suivant, pardonnez le frustre de ma théorie: Va-t-on laisser aux immigrants le choix d'intégrer la majorité anglophone et nous «squeezer» encore plus ou les forcer à gonfler les rangs des francophones nationalistes qui résistent encore et toujours à l'envahisseur. Je trouve complètement hypocrite tout le sugar coating qu'on tente de mettre autour ces temps-ci.

Ne me répulse encore plus que les discours virulents contre telle ou telle région ou ville. Actuellement, c'est Québec qui mange une râclée. Il y a eu Trois-Rivière, Gatineau, la Gaspésie. Je viens moi même d'une région qui n'en porte malheureusement pas le nom. Il y avait deux noirs chez moi quand j'étais jeune : une jeune fille adopté, qui était dans la classe de mon frère, et le prof d'anglais du secondaire. Ah oui, et deux chiliennes adoptées aussi. Mais leur peau était pâle donc ça se remarquait moins. À cinq ans, quand les seuls noirs qu'on a vu son des petits enfants dans les livres «Que signifie... ?», on reste intrigué lorsqu'une petite fille à la peau noire arrive à l'école. Ce n'est pas du raciste, c'est humain. Quand quelqu'un vient du Grand Nord, si on n'y est jamais allé, on lui pose une multitude de question. Normal, c'est nouveau! Quand quelqu'un est végétarien et qu'on ne connaît rien au végétarisme, on lui pose des questions. Quand quelqu'un est musulman et que c'est la première personne de cette religion qu'on rencontre dans notre vie, on lui pose des questions! C'est la même chose. C'est humain, la curiosité et parfois la peur de ce qui est différent.

La plupart des régions du Québec compte une population majoritairement blanche, catholique (non-pratiquante le plus souvent) et francophone. La plupart des gens ne sont pas malveillants, seulement «ignorants» de certaines réalités et différences. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas éduqués où qu'ils sont stupides. Ils n'ont simplement pas l'opportunité de s'ouvrir à la différence parce qu'il ne sont jamais en contact avec cette différence. Et pas nécessairement par choix, simplement parce «ça n'adonne pas». Dans ce contexte, des rumeurs, des clichés et des fausses croyances se répandent. Et avec la tendance des médias et des politiciens actuels qui donnent dans le sensationnalisme et la démagogie, ce n'est pas près de s'améliorer. Je crois, humblement, que le problème du Québec en est un d'éducation et de sensibilisation. Les mentalités sont longues à changer, certanis sujets sont délicats et sensibles. Je ne crois toutefois pas à l'actuelle lapidation de tout ce qui n'est pas le Montréal cosmopolite.

Je n'aime pas Montréal dans le sens que je n'aimerais pas y vivre. J'aime y aller, quelques jours, mais je m'y sens comme un poisson hors de l'eau. J'ai besoin d'espace, d'air pur, de paysages à couper le souffle. Même Québec commence à être trop gros pour moi. Ne voyez pas dans mon intervention de l'anti-Montréalisme. Je crois simplement que, au même titre que certains individus ne sont jamais sortis de leur région profonde, certains Montréalais, ne sont jamais sortis de leur île. (Parenthèse: le même phénomène se remarque à New York, qui a aussi la particularité d'être une ville sur une île) Je crois aussi que certains individus partagent les mêmes préjugés que certaines personnes des régions. Pour résumer : il y a des imbéciles partout.

Je dirais toutefois une chose: les gens qui parlent à la Commission Bouchard-Taylor sont ceux qui VEULENT parler. Et ceux qui sont en perpétuelle recherche d'une tribune ne sont pas nécessairement ceux qui ont vraiment quelque chose d'intelligent à dire. Toutefois, ils le font. La base d'une démocratie, c'est que tout un chacun a le droit de s'exprimer, peu importe qu'il soit le plus grand philanthrope ou le pire néo-nazi du pays. Ce qui compte, ce sont les actions que nos élus prendront par la suite, en notre nom. Et honnêtement, pour le moment, c'est ce qui me fait le plus peur...

En conclusion, en ce qui me concerne, je jette les déguisements et les étiquettes. Je suis une fille de région qui vit dans le grand village de Québec, que j'adore. Je ne vote ni ADQ, ni Conservateurs et j'habite dans Limoilou, quartier longtemps considéré comme «crade» mais qui, selon certains est en voie de devenir le «Plateau» de Québec (quelle ironie!). Et en cette journée d'Halloween, je pense que tout le monde devrait faire l'effort d'essayer de comprendre qui se cache derrière le déguisement...

2 commentaires:

Le professeur masqué a dit...

De ma banlieue profonde, je ne trouve pas que la couverture médiatique de la commission BT à Québec soit si pire que cela.

Pour le reste, j'ai hâte que le volet «écouter la population pour lui faire croire qu'on l'écoute» se termine. On est rendu à radoter et c'est là le danger. Quelqu'un qui va vouloir se démarquer va vouloir frapper un grand coup en disant une grosse connerie.

De plus, le grand seigneur Bouchard a déjà ses opiniions toutes prêtes pour la rédaction...

Sara a dit...

Je suis à des milliers de kilomètres de ces sparages et ils me puent au nez, pour essentiellement les raisons que tu énumères.

Cette réflexion sur ceux qui parlent pour ne rien dire est fort intéressante, je me demande si les organisateurs de ces consultations publiques en sont conscients.

Les gens les plus tolérants et les plus ouverts sont rarement ceux qui ressentent le besoin d'aller affirmer leurs idées en public.