mercredi 13 février 2008

La double vie glamour d'une Marsouine ou comment avoir l'air important quand on ne l'est pas

Comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs reprises ici, je travaille pour un journal. Je ne suis pas journaliste, mes ambitions journalistiques ont pris fin quelques années après avoir commencé à côtoyer cet univers. J'écrirai un jour, et je serai payée pour le faire, mais PAS dans un journal. Sur ce point, je vous tiens au courant de tout développement. Mais donc, qu'est-ce qui m'amène à vous parler de ma vie de star en ce mercredi blanc et vaporeux, plein de neige et de monde en ?%$#&%#$ parce qu'ils vont ENCORE devoir pelleter (clin d'oeil peu subtil à l'Élu)? Et bien mon inspiration me vient du coup de téléphone auquel je viens de répondre.

Je sirotais lentement un énorme latté de chez Van Houtte en faisant mon sudoku quotidien (je vous rappelle que c'est de mon travail que je parle, juste pour pas trop vous mêler). Donc, petit mercredi tranquille, bienvenu après l'avalanche de bêtises qui me sont tombées dessus ces deux derniers jours (la neige a fait démissionner 3 personnes responsables de la livraison du journal aux camelots, dans toute la ville, GROS BORDEL). Soudain, le téléphone sonne. Hasard formidable, ma job (cette semaine du moins), c'est de répondre au téléphone! Je répond avec la formule d'usage (sauf quand l'afficheur m'indique que l'appel est pour moi ou qu'il s'agit d'un journaliste avec qui je sais que je peux me permettre de faire du «social»). La réponse de mon interlocuteur(trice) relève, 90% du temps, des possibilités suivantes:

- Monsieur/madame un(e) tel(le) s.v.p.

- Salut c'est ******, peux tu me passer *****/ me transférer à ce numéro ******/ me dire si tu vois ********

Les autres 10%, c'est des gens qui n'ont aucune idée à qui ils parlent et qui m'expliquent de long en large pourquoi ils appelent. La plupart du temps, je comprends au bout de 8 secondes à qui ils doivent parler, je les interromps et les transfère.

Mais, en de rares occasion, comme tout à l'heure, j'ai droit à un de ces appels:

Moi: (formule d'usage)

Mon interlocutrice: Bonjour, ici Dorothé B. (gardons un semblant d'anonymat pour cette chanteuse et actrice à la voix grave)


Donc, très très longue introduction pour vous parler du «glamour» de ma job. Le journal pour lequel je travaille, mon grand-père y était abonné, d'aussi loin que je me rappelle. Mon père a pris la relève à sa mort (on était voisin donc mon père traversait la cour pour aller lire le journal). Donc, quand je dis au gens que je travaille pour la salle des nouvelles de ce journal, les gens s'imaginent plein d'affaires glamour.

- «Hein, tu connais un tel?»
- «Ben oui, j'y ai même amené des galettes à la mélasse la semaine passé»

- «Fak comme ça tu travaille avec lui?»
- «Ouais, pis j'lui ai dit qu'il s'était vraiment planté dans la critique du film *****»

- «Pis c'est comment travailler avec des "journalistes"?» (avec un air tout émoustillé)
- «Des fois c'est plate en maudit m'a te dire»

Je l'avoue, c'est un bon «starter» de conversation, mais à part ça, ya pas grand-chose à dire. Surtout depuis l'avènement des chaînes à la LCN et RDI et d'Internet, une salle de rédaction, ça n'a rien de bien bien énervant (sauf quand une mairesse nous fait le coup de crever un dimanche soir). Des fois, j'ai des «vedettes» qui m'appellent, des gens que j'aime bien ou d'autre qui me font rire, des musiciens, des comédiens. Ya même Hubert Reeves qui appelle assez régulièrement (fouillez-moi pourquoi). Au début, moi aussi ça m'énarvait la pilosité des membres inférieurs. Puis, après un certain temps, c'est devenu familier et ordinaire. Et j'aime bien ça. Plus de distance, plus de sentiment bizarre d'infériorité (OH MON DIEU des journalistes!!!!!), plus de glamour. Maintenant, je vois mon travail comme ce qu'il est, un travail de soutien pour une entrprise qui est dans le domaine de l'actualité. En grande consommatrice de nouvelles mais surtout de culture et de politique, c'est assez valorisant, même si les tâches sont parfois répétitives. De toute façon, le salaire compense :)

Donc, ma job n'a rien de bien glamour, rien d'extraordinaire. Je fais un travail (et je le fait assez bien je pense) qui me permet d'être tôt à la maison, de ne pas vivre trop de stress et qui me convient pour le moment. Certaines personnes vont continuer de réagir avec des étoiles dans les yeux et une multitude de question quand je vais leur dire où je travaille. Et, je ne m'en cache pas, dans ces temps-là, il m'arrive d'en profiter pour «flasher» un peu :). Pis quand ça me tente pas, je prévois le coup et je leur dis que je travaille chez Burger King.

*Un jour, je vous parlerai des 2% de gens qui m'appelent pour me chanter des bêtises. J'ai eu droit à un discours moralisateur d'une bonne soeur à propos d'un article sur le sexe, à des fanatiques du français qui ont trouvé trois fautes, à leurs yeux, impardonnables, à des insécures qui sont convaincus que le mot-croisé/sudoku/mots-fléchés/etc. est erroné, sans oublier les libéraux qui nous traitent de maudits péquistes, les péquistes qui nous traitent de maudits libéraux et les adéquistes qui nous traitent de terroristes. Mais je vous épargne, aujourd'hui, de tout ceci.

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